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Tirée du Nouvel Observateur
Tirée du Nouvel Observateur

Je t'ai aimé plus que tout

Si peu de temps

°

Je t'ai aimé même fou

Avec tes yeux d'un autre monde

°

Je t'ai aimé comme un hasard

Une pluie de printemps

Une lande sous le brouillard

°

Il est des amours qui brisent même le vent du large

°

Il est des amours à enfouir

Comme un trésor

°

Il est des amours perclus d'avance

°

Ne reste que des graines à semer

Nos fiertés en bandoulière

°

Nous nous voulions indemnes et purs

Nous voulions plus plus que les autres

Plus qu'avant plus que demain

°

Nous avions pris un train sans savoir conduire

Heurtant nos murs inconscients

Blessés de nos peurs et de nos souffrances

°

J'écoute des chansons gaies pour m'en tirer

Je frappe mes mots comme d'autres leurs enfants

Leurs femmes leurs amants leurs ouvriers

°

Je frappe mes mots et parfois ils s'ouvrent

Sur des vallées verdoyantes

°

J'ai froid

J'allume le chauffage sans savoir si je pourrai payer

°

J'ai si chaud parfois que je dois m'en justifier

°

J'écris comme tu casses des chaises

Des cloisons ou des prières

°

Je me force à sourire puis j'imprime

°

J'écris comme si mes mots ne servaient plus à rien

Qu'à m'aider à me tendre me détendre à m'élever

°

J'écris pour forcer des portes fermées

N'y enfonce plus mes dents ni mes ongles

à quoi bon une hache quand les sourds arrivent au bord des falaises

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