Le jardin est-il ce fils
Que je n'ai pas eu
Les racines
Me reliant à la vie
J'y ai creusé creusé
Jusqu'à la douleur
J'y ai enfanté une femme pourtant
Le jardin n'est pas cet homme à la fenêtre
Celui-là n'entends plus
Que sa rage à faire taire
J'ai taillé des feuilles
Pour en voir les troncs
Des fenêtres des portes végétales
Agrandi des chemins
Retiré tous déchets
Recyclé pierres tuiles planches bâtons de bois
Attiré oiseaux papillons hérissons et insectes
Fleuri chaque angle
Ouvert sur les voisins
Des deux côtés
Les uns m'offrent attention et parasol
Les autres outils salade et verdure
Sans camisole
J'ai invité amis voisins et enfants
Nous étions 13 à table
Juste avant l'orage
J'ai payé mes factures
N'ai rien gagné ou si peu
A trimer sans le vouloir
Je guéris mes fractures morales
Sans prozac ni valium
Sans transat ni délirium
J'ai aimé sans regrets
Un homme fou qui le sait
Un traumatisé de l'armée et des guerres
Et alors
Je m'y suis perdue un peu
Mais encore
J'irai voir un psychiatre en août
Nul besoin de cachets non
J'ai les mots pour le dire
J' ai pris du muscle
Et des couleurs
Du jardin
Ai extrait le musc
La moindre saveur