Es-tu de bois de corne ou de satin
Je vois un homme à reliure
Noué des os des autres
Je vois un homme fort
Parfois usé
Avec des mains des rugosités
Un homme croyant
Pas désabusé
Je vois des hommes au front des pierres
Des vents qui ne datent pas d'hier
J'oublie des êtres chers
Pour mieux les supporter
Je ne les oublie jamais
Les borde dans des tiroirs empilés
Dont j'ai perdu les clés
Des enfants m'animent
Les miens ceux des autres
Ceux que tu n'as pas eus
Des fils de substitution
Je vois des hommes des femmes déchus
Qui ne s'en soucient guère
En guerre contre eux-même
Je me vois faible et lasse
Emplie de forces nouvelles
ça dépend de l'âge de mon corps
Si une épine s'y conforte
Si une rose y fleurit
S'il s'enracine s'évade se terre
ça dépend de l'âge de mon esprit
Si un dard le pénètre
Une nuit d'étoiles
S'il s'enhardit se cabre se dessert
Suis-je de foi de bornes ou du matin
Je vois une femme à coutures
Cousue des mots des autres
Sommes-nous des rois des ormes ou des pantins
Je nous dessinerai en couleur