Il pleut
Il peut rajouter un l
Une aile à ses besoins
Il pleut des mots comme s’il en pleuvait
Il pleut des os comme s’il en crépitait
Il pleut sur des ardoises en glissière
Il pleut sur les routes les voitures les motards les casques les cyclistes les casquettes les piétons les cheveux les chapeaux les bonnets les parapluies les chemins les arbres les jardins sur les êtres humains sur leurs blousons leurs bottes ou leurs chaussures
Il pleut sur les toits sur les immeubles sur les terrasses sur les abris de jardin sur les bureaux sur les entreprises sur les hôpitaux il pleut sur tout et dans les gouttières
Il pleut dans l’autre sens que celui de mon texte
Il pleut droit et raide
Il pleut à la verticale
ça paraît logique
mais pas tout le temps
Il pleut des gouttes qui suivent le vent
Il pleut de l’eau des gouttes et de la vapeur
Il pleut des gouttes qui n’ont pas froid aux yeux
Il pleut des gouttes froides
Il pleut des gouttes déterminées
Il pleut des gouttes bruyantes
Il pleut des gouttes vives
Il pleut des gouttes gaies
Il pleut des gouttes en travers
Restez à l’abri, il pleut nous écrit FB
à chaque fois qu’il pleut
Il pleut pleut pleut
Elle peut ajouter des mots à son texte
Pas n’importe lesquels
Ceux qu’elle a choisis
Ceux qui lui viennent à l’esprit
Il pleut sur les carreaux des fenêtres
Il pleut du vent
Il pleut des lettres
Il pleut des mots
Il pleut du temps
Et du temps passé
Il pleut du présent
Il pleut sur des chats, des chiens, des poules, des lapins, des dindes, des oies, des mulots, des musaraignes, des escargots, des vers, des mammifères, il pleut sur les oiseaux et la pluie glisse sur leurs plumes il pleut des agrumes
Il pleut des rhumes des angines des rhumatismes des léthargies des castagnettes il pleut de la brume
Il pleut pleut pleut
Il pleut des amertumes et des folies
Il pleut des rires et des soupirs
Il pleut des joies et de la poussière
Il pleut l’éclat noir d’un gros conifère
Il pleut un petit toit aux volets fermés
Il pleut un coup de téléphone
Il pleut une voix joyeuse
Il pleut la tombée de la nuit
Il pleut un cube tout blanc une serre à tomates
Il pleut un vieux vélo et de l’herbe en bataille
Il pleut pleut pleut
Je peux peux peux
Faire pleuvoir des mots comme s’il en pleuvait
Je peux peux peux croire que je suis poète
Que ce soit vrai ou faux n’a pas d’importance
Il pleut des clair-obscurs des noirs et des couleurs qui s’assombrissent
Il pleut des pas filant dans les escaliers des portes claquées des pas sur le trottoir
Il pleut des moteurs des appels des voix d’enfants
Il pleut des rideaux rouges qui tranchent sur la lumière du soir
Il pleut des flaques
Il pleut des clics ou des claques
Il pleut une sirène d’ambulance
Il pleut une feuille qui se ramasse dans une allée
Il pleut un grand entonnoir qui me fait passer d’une feuille blanche à une feuille gribouillée
Il pleut mon bras gauche et mon cou qui penche en fin de journée
Il pleut une guirlande de perles oubliée
Des tissus d’apparat
Un appartement étroit et coloré
Il pleut un grand tapis qui commence à s’élimer et un kilim très rouge et très bleu
Et tout devient sombre ou noir sauf l’écran
Mes yeux mes doigts
Il pleut dans mes yeux
Il pleut la fatigue oculaire
Il pleut des rides
Il ne pleut pas beaucoup de cheveux
Ce sont des choses qui arrivent
Il pleut des pépiements de rouge-gorge
Il ne pleut plus de pigeons
Il pleut l’aboiement d’un chien délaissé...