Petite
Voyais de petits dieux dans les jardins
De petits dieux rigolos, enthousiastes et éphémères
De petits dieux en feuilles, en bois, en pierre
De petits dieux de plumes, de poils, de carapaces
De petits dieux réels et mouvants
Voletant, sifflant, tissant, rampant
Prenant racine
Ou s’extirpant de terre
Et j’entendais le roulement des tambours lointains
Ce n’était pas l’orage
Ce n’étaient pas les oracles
Ni la voix du curé
Ni celle de ma mère
Pas même celle de mon père
Voulant un signe
°
Petite
Craignais le diable et la messe
Même la confess
Voyais de petits dieux humides, gais et scintillants
Dans la rosée du matin
L’averse soudaine
Et
De petits lutins
Gravissant l’arc-en-ciel
°
Petite
J’adorais la déesse coccinelle
Même son ami
Le dieu criquet
Ils avaient des enfants innombrables
Colorés
Ingénieux
Et bavards
°
Petite
Craignais DIEU
et son contraire
Son épée magique
Et sa colère
°
Petite
Je m’en souviens très bien
J’avais une jambe de bois
Un nez si court
Qu’il ne pouvait rivaliser avec celui de Pinocchio
Et une oreille plus grande que l’autre
°
Petite
J’étais déjà difforme
Et j’envoyais mes petits dieux
A la conquête de mon âme
°
Petite
Je n’aimais pas montrer mon derrière
J’aimais vivre dans une goutte de pluie
J’aurais aimé qu’une abeille
Pique Barbe Bleue
A mort
Qu’un frelon
Pique le diable
A mort
Quant à DIEU
Petite
J’étais trop petite
Petite
Mes dieux étaient multicolores
Et carnavalesques
