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J’ai entendu l’océan
C’était en automne
Il m’a appelée
Roulements des vagues
Crêtes d’amertume
Crissement du sable
et toutes les voix des plumes
Il a frappé mes pieds
résonné dans mon corps tout entier
Il frappait la terre
lui demandant à boire
et à manger
J’y ai vu de grands navires
cherchant des îles et des épices
des galères à esclaves
des naufrages
des femmes de marins
des pêcheurs de thon
des sirènes
Moby Dick
des corps de migrants
à la chaîne
une partie de mon enfance
insouciante
émerveillée
les pieds palmés
une porcelaine si grande
qu’il est possible de s’y promener
des enfants et des coquillages
tout un monde inconnu
un globe et ses marées
des surfeurs
des tsunamis
J’y ai vu le pire
et le meilleur
et sur les plages
des tas d’immondices
Les dunes reculaient
imperturbables
leurs doux manteaux
couverts de cicatrices
Je n’étais pas seule
Ma sœur m’avait amenée
C’était la joie qui dominait
et toutes les musiques de la terre
L’océan en était l’écho
Il s’en fichait lui
Il s’en fichait des hommes
ou bien des femmes
Il se fichait des enfants
et d’être un écho
un garde-manger
ou un dévoreur d’humains
un océan de rêves
ou bien de voyages
Il frappait la terre
et sans le vouloir
nous arrondissait
polissant nos angles
et nos arêtes
l’océan est ce monstre si pardonnable
Il frappait la terre
Ceux qui l’ont vu et entendu
ne pourront l’oublier
même s’ils n’en connaissent
que ce que nous pouvons lui rendre
Nous n’étions que trois
l’océan, ma sœur et moi

 

C'était en été mais ça aurait pu être en automne.

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