Le ciel est couleur d’encrier
et bien des lettres s’y dessinent
C’est l’enfant de Shining qui m’amène passer un examen du cœur
Le déserteur
enrôlé de force dans les paras
Le soldat du Liban
Le déserteur de la vie
Cet ami de longue date
Dont je crois lire la mort
Parfois plus vivant que moi
Mon cœur va bien
S’ essouffle plus vite
Le ciel ne sera jamais mon pilier
Juste cette voûte si étoilé
J’ai vu tellement de misère
Que je n’ en suis pas consolée
Mes mots sont si inutiles
Qu’il me faut les déplier
Je les jette dans les ruisseaux
Comme pour m’en débarrasser
Ils me redressent pourtant
Et m’aident tous les jours à marcher
L’ équerre d’une grue s’élève
Et semble veiller sur le quartier
Il y aurait des jardins sur le toit des immeubles
C’est quand la terre gronde
Que les hommes s’y attellent
Quand les bêtes meurent
Qu’on leur offre des abris
Quand il vient des guerres
Qu’ils se font du souci
C’est parfois quand les couples se séparent
Qu’on y réfléchit
L’homme rit autant qu’il pleure
Mais à quoi sert la nostalgie
On lit tellement d’horreurs
Qu’elles passent et puis s’ oublient
Mon cœur va bien
S’ essouffle juste un peu
C’est peut-être la Covid
Qui l’a affaibli
J’ai tant de douleurs
Que je m’en fais moins de soucis
Le ciel est couleur d’encrier
Les grands arbres
Témoins du temps
Y impriment leurs feuilles
Comme des victoires
Sur l’adversité
Des hommes travaillent sur un vaste chantier
Ils ont morflé pendant la canicule
J’en connais qui triment dans la colère
Leurs salaires sont bas
Leurs repos éphémères
Leurs dos se voûtent
Leurs os craquent
Pas de compassion pour les travailleurs
Ils rêvent parfois d’étrangler leurs patrons
Je rêvais moi de les étouffer sous leurs oreillers
Ce sont des choses qui arrivent
Tous les patrons ne se valent pas
Le ciel a une couleur d’encrier
Il y passe toutes les couleurs de la vie
Ce n’est pas dans le ciel que je lis
Il y a des prévisions météorologiques
Qui nous font rire
On dirait des horoscopes
Parfois des scoops de l’horreur
Il y a des moteurs de recherche stupides
Ceux qui rêvent d’un monde robotisé
Ceux qui ont perdu tout rêve
Tout espoir
Ceux qui comme moi
Ne le perdront jamais
Qui sont pourtant prêts à mourir
Puisqu’ils l’ont déjà été
Qui ne se laisseront pas faire
Assurément
Ce n’est pas dans le ciel que je lirai quelques présages
J’y lis la musique de la pluie
Y vois le tintamarre du cosmos
Imagine une bataille de satellites
Une trop grande pollution de l’atmosphère
Je n’ai jamais écrit que j’avais raison
Tu n’as jamais su me lire
Nul don de voyance chez moi
Nulle prétention
Ça n’a pas d’importance
Le seul sens d’une vie
(A mon sens)
C’est d’aimer
mais aussi d'apprendre à aimer
Aimer la vie
Pour commencer
Tout le reste au fond
A bien moins d'importance
Vous voulez nous vendre les JO
Et vos cultes de la performance
Je m'en fiche complètement
Idem pour vos pubs qui nous harcèlent
Vous nous avez vendu la mondialisation comme un bienfait
Laissez-nous en rire
C'est vrai
Les politiques ne nous font plus rêver
Je ne lis moi plus que leurs mensonges
Et leurs batailles d'égo
Et ferai avec
Je ne ferai pas partie de cette masse populaire
avec laquelle vous espérez renouer
Quand le mal est fait
On traverse
Ce n'est pourtant jamais la haine que je choisirai
Le ciel a une couleur d'encrier
Il va pleuvoir des plumes
Même des noyés