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 j'écris

Non, je ne suis pas en voyage sinon avec moi-même, je pourrais t'en écrire des pages mais c'est déjà fait. Je corrige, rassemble ou m'en défais. Toi qui m'a écris ma mort, tu es plus à plaindre que moi, j'ai traversé mon miroir et si je m'y suis vue faible et amoindrie, j'y ai vu une force qui te fait défaut. Il me semble parfois que je pourrais mourir demain et ne pas m'en effrayer, je sais comment je vais mourir, que ce soit long ou pas, je mourrai foudroyée. Foudroyée d'amour et d' amitié, foudroyée du soleil, de mon enfance, de la voix des vents et des poèmes, foudroyée de mon père, de ma mère, de mes frères et soeurs, foudroyée de mes enfants, de ceux à grandir, de ceux à aimer. Je ne crains plus ni dieu ni maître même sous le poids de mes chaînes. Il n'appartient qu'à moi de les briser ou d'en faire quelque-chose comme un joli collier...

Voici une photo de ma mère, ma mère qui allait mourir. Elle fut cachée derrière un paravent et soignée au doliprane. Je n'en veux plus à personne mais ne vous souhaite pas sa lente agonie. J'ai passé une semaine avec elle. Des nuits dans sa chambre où j'avais l'impression d'être reliée à elle, à son coeur et à l'appareil qui l'assistait. Deux fois, le personnel, des femmes, sont venu me réveiller. C'est pour maintenant, voyez comme elle est toute bleue et devant elle, avec ses yeux grands ouverts. Fausses alertes. Elles me disaient déjà le manque de formation, le manque de temps et comment elles en stressaient, comment elles avaient du se battre pour être à deux la nuit et pas une seule pour 80 pensionnaires dans une maison de retraite isolée, en bout de village. Après son décès, la dame qui l'a préparée nous a dit, je suis désolée, la douleur l'a toute recroquevillée. Elle était très croyante, ma mère et une sorte de tyran religieux inconsciente. Elle craignait dieu, le diable et leurs pairs et malgré elle, elle nous a inculqué tout ça. Elle ne communiquait plus qu'avec ses yeux, privée de la parole et paralysée depuis longtemps. Ses yeux nous ont dit, je vous aime mes amours et mal aimés, j'ai fait ce que j'ai pu , avec ce que j'ai reçu. C'est bien ça qui reste à la fin, l'amour, seul... J'ai pardonné à ce prêtre, passé en coup de vent et qui a dit, dieu pourvoira à sa souffrance et aimé ce Diacre qui venait tous les jours, nous disait, j'ai très peur de la mort et même un chien, quand on en a les moyens, on ne le laisse pas crever comme ça. Mon but n'est ni de choquer ni de faire pleurer mais de penser à l'humain un peu plus car nos vies sont courtes et elles se valent toutes...

Tag(s) : #Bafouilles
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