Film "Amour" - Sur l'aide à domicile et la pauvreté dans l'aide à domicile - Humanité

"Amour" de Mickael HANEKE

https://www.youtube.com/watch?v=_JouFRNwDqc

Revu ce film pour la deuxième fois.

Outre les acteurs excellents, tout y est ! de ce que peut être une fin de vie, pour  chacun, et pour les proches et accompagnants, et de ce que peut connaître une aide à domicile, que ce soit chez des riches ou chez des pauvres, les pauvres ayant forcément bien moins d'aide.

Quelques souvenirs :

Trop de vieux, ou personnes du troisième âge si vous préférez, étaient délaissés, et ce , qu'ils soient riches ou pauvres par leur propre famille. 

Des infirmiers et infirmières libéraux (une minorité), laissaient les vieux se recoucher dans leurs excréments par exemple, faisaient semblant de faire des toilettes ou arrachaient des peaux en changeant les pansements sur les escarres. Ils pourraient sans doute dire la même chose sur une minorité d'aides à domicile. 

J'ai connu un homme de plus de 90 ans, un cheminot à la retraite - qui m'avait montré sa collection de cartes postales de petites gares du Limousin, dont des cartes  rares et je l' en avais prévenu - qui s'occupait de sa femme en fin de vie avec autant de dévouement que dans le film. Je lui avait montré et à sa femme comment remettre une mâchoire déboitée, simplement en ouvrant la bouche le plus possible, afin qu'elle puisse s'alimenter.  

Personnellement, j'ai commencé ce métier sans rien en savoir, en improvisant sans cesse, sans vocation certes, uniquement par nécessité, mais avec humanité et honnêteté, quand bien même il m'arrivait de finir les assiettes, n'ayant pas le temps de manger.  Je ne savais rien des postures ni des gestes  qui ménagent les corps. (Le mien surtout). Je n'avais pas compris non plus combien je deviendrai pauvre à travailler pour des associations ou des entreprises.  Ma voiture a surtout roulé pour eux, jusqu'à l'usure complète ! 600 euros de réparation tous les 6  mois les dernières années. J'ai trouvé que le CESU était une belle arnaque aussi. 

Comme bien des aides à domiciles, j'ai connu  des gens adorables et  ceux que j'appelais "des salopards" et des "vieilles taupes", racistes, malhonnêtes, pervers, obsédés, principalement chez les plus aisés, et ce, que ça vous plaise ou non, ce qui ne veut pas dire bien sûr que tous les gens aisés, etc. J'ai connu la misère de près chez  d'autres que moi, toute sortes de misères : misère intellectuelle, économique, sociale. La misère intellectuelle restait bien partagée entre les riches et les pauvres, quoique vous puissiez en penser. 

Si je ne regrette pas avoir aidé, soulagé, soigné, fait rire, encouragé et parfois sauvé des gens, j'ai ce regret, avoir du exercer ce métier pour ne point en vivre, et l'avoir exercé dans de telles conditions que mon propre corps en a gardé des séquelles irréversibles.  C'est le deuxième véritable regret de mon existence jusqu'alors.  Le premier ?  Avoir abandonné mes études suite à des violences à caractère sexuel. Les regrets pourtant, je leur tords le cou comme "vous" avez tordu le mien.

Je ne me plains pas, je l'écris. C'est comme ça. La vie continue !

Si vous n'aviez jamais vu ce film, regardez le, il est d'un réalisme et d'une humanité incroyable. C'est ce qui nous manque, plus d'humanité. 

En ce moment sur ARTE. 

Un médecin m'a dit un jour que je n'acceptais pas le handicap. C'est faux. Ce que j'ai du mal à accepter, c'est tout ce qui m'y a mené. Salaire misérable pour trop de travail par exemple, pressions pour travailler plus, etc. En fait, je m'en veux encore de ne pas m'être enfuie plus tôt.   

Je me suis enfuie plusieurs fois pourtant et que chez des riches...esclavagistes.

ça existe encore et plus que ce vous pourriez l'imaginer.

Et ils se croient évolués, la belle blague !  Ce sont eux les barbares.