Le jardin chante ce matin
Les feuilles de l'érable dansent sous le vent
Le sorbier se balance
Sur un poteau épais, un merle
°
L'herbe recouvre l'allée de pierre
Il faudrait tondre
Les myosotis s'étendent sur la terrasse
Plus personne au jardin
Que moi qui avance à peine
°
Les jonquilles et deux grosses tulipes rouges
Fanent sans hâte
Le volubilis sort de terre
J'ai arraché les radis noirs
°
Des mots chantent
Jusqu'au sapin
Se sentent capables de fendre les ans
Un cahier se met en transe
Sur un crayon- étais, une perle
°
Une gerbe de lettres me détourne
Des murs tapissés de lierre
Il me faut fondre
Les autismes effaçant ma place
Rien qui sonne sur mon chemin
Que ma précarité qui mange sans gêne
°
Mon stylo-bille et sa cosse dissipent
Les pannes les dates
De grands ibis s'impriment dans l'air
Se posent ravis sur mes miroirs
°
Le jardin chante ce matin
Corbeaux, pies, pigeons
Pinsons, verdiers et mésanges
Haussent le ton
Et se perchent sur mes crayons
°
Le jardin chante ce matin
Rend tout jugement dérisoire
Moi je pousse en branche
Sur une feuille blanche
Il grêle
°
Le jardin chante ce matin
Fleurit les pensées trop noires
Colorie la phrase si franche
Recueille mes chances
La prêle
°
Le jardin chante ce matin
M' accueille
Si frêle
°
Le jardin chante au matin
Regarde
Ce merle
°
Le jardin chante ce matin
Déferle