Alors, saturation d’écrans
Est-ce ainsi que je voulais vivre
J’ai lu bien des poètes
Ils habitaient chez moi
J’aurais aimé leur répondre
Ils m’ont donné plus de questions que de réponses
M’ont offert les voix des taiseux
La mienne aussi n’a que la stature d’un crayon
Celle d’un fichier Word
Ils ont le livre en plus
Il reste les taiseux de caractère
Et ceux dont la voix s’écrit
Ils écrivent ce qu’ils ne sauraient dire
Ce qui est caché dessous
Comment ils vivent
Comment ils meurent parfois
A petits feux
Ou pourquoi
Ou n’en sachant rien
Ils écrivent la jeunesse enfuie
La fin des illusions
Les espoirs à venir
Ils ne racontent pas le monde
Ils le ressentent
Ils ne racontent pas l’amour
Ils le vivent ou l’ont perdu
Ils ne savent pas s’ils sont poètes
Ils se reposent sur des cimes
Et des arêtes
Il ne gratte pas le verni du monde
Ils sortent sous les pluies
Chaque goutte est un mot de plus
Ils ne donnent pas de leçons
Ils grandissent
Ils se révoltent bien sûr
Et mûrissent
Ils ne cherchent pas le sens de la vie
Ils donnent du sens aux mots
Ils donnent du sens à eux-mêmes
Du moins je crois
Je ne sais pas ce qu’est un poète
Sinon que l’écho de leurs voix
Traverse les frontières