J’ai lu des poètes contemporains
Je ne sais pas écrire comme eux
Ça n’a pas d’importance
Je ne veux pas faire "performer"
C’est intéressant
Ça ne peut pas plaire à tout le monde
Pas grand-chose qui plaise à tout le monde
C’est comme s’ils cassaient la langue
Ils ne la cassent pas
Ils la cuisinent
Ils la lessivent
Ils la font voyager
Ils la déstructurent
Ils la recomposent
Ils l’éparpillent
Ils la rassemblent
Elle leur ressemble
Ils la lancent contre les murs
Elle rebondit
Elle ricoche
Elle part en bouilles en nouilles en couilles en alvéoles en avions à réactions en rages et en tire-comédons
Elle déraisonne
Elle fait la folle
Elle se plie en nacre
Elle se note en vrac
Je ne saurai dire
Elle détonne elle étonne elle déplie et froisse elle est curieuse elle part dans toutes les directions elle explose elle dépose elle impose elle implose
Au fond
Je ne sais pas ce qu’elle fait
Elle pourra vous paraitre hermétique ou stupide
Elle est pensée elle est osée elle cherche elle est très structurée sans en avoir l’air
Elle se laisse aller pour aller loin
Elle est sans doute aussi diverse qu’il y a de poètes
Elle joue elle sourit elle rit elle éclate de rire
Elle s’abandonne
Elle dit des choses autrement
Elle percute
Elle ne casse pas
Elle fracasse
dans le bon sens
Elle éveille elle réveille
il arrive qu'elle baille aussi
Que ses répétitions volontaires
finissent par m'agacer
Je ne saurai dire
Et puis j’attendais le sommeil en vain
Elle m’a donné la frite
Peut-être qu’elle va m’endormir
Au moins un peu
Ou noircir une nuit blanche d'un flot de lettres
C'est l'arrêt total du tabac je crois
Qui m'empêche de dormir
J'ai assisté à de rares performances
ça ne m'a pas déplu
J'en ai vu d'autres en vidéos
Elles avaient parfois ce côté
"Réservées aux initiés"
Je peux me tromper
Elle va dans les établissements scolaires
Dans les rues
Elle sort
Elle expérimente
Elle semble parfois donner la parole aux fous
Leur a sans doute déjà donnée
Je n' en connais pas grand-chose
Tout ce que je peux faire
Tenter d'évoquer mon ressenti
D'ailleurs je suis entrain de confondre la langue et la poésie contemporaine
Elle est une langue qui en cherche d'autres
peut-être
PS : il fait chaud ici, en montant le chauffage mais 8° dans les toilettes, ça ne fait pas beaucoup si? (je me gèle le Q) sinon ça va. " Laissez la porte ouverte ! " on me dit, oui mais 13° degrés dans la salle de bain, ça me fait juste, c'est pour ça. Quel dommage tous ces vieux immeubles agrandis sans isolation ! " Déménage " on m'a dit. Pas avant d'avoir trouvé mieux. J'ai quelques avantages aussi, commerces à proximité et un jardin. On m'a conseillé de faire une demande de logement social, or, Il n'y a pas si longtemps, j'ai eu à rentrer dans quantités de logements sociaux pas forcément mieux lotis. J'ai des voisines de mon âge, précaires aussi, dans le quartier. Elles aussi souffrent de l' humidité. Elles renoncent souvent à déménager à cause de leur précarité. Le dimanche, il arrive que nous nous invitions. Seule mais sociable. Des logements humides et pas isolés, en fait, il y en a plein !
Un jour, j'en ai invitée une qui avait peur de tout et de tout le monde. J'ai bien mis en vue mes photos de connaissances ou amis africains. J'en ai peu car je sors peu, surtout en ce moment, comme tout le monde. Elle m'a réinvitée tout-de-même. Ce n'est pas grand-chose peut-être d'essayer d'ouvrir quelqu'un aux autres à si petite échelle.
Le problème aussi, quand on aime écrire, c'est qu'on a moins besoin de compagnie. Sa ou son meilleur ami reste l' écriture.