Un jour j’avais pris ma voiture et j’ai roulé roulé roulé roulé roulé roulé roulé roulé roulé roulé roulé roulé
Roulé encore
Et je cherchais un chemin pénétrant dans la forêt
Et je savais ce que je voulais y faire
Il ne me fallait pas n’importe quel chemin
Il ne me fallait pas n’importe quel forêt
Mais qu’il s’impose
Mais qu’elle soit sûre
Je me suis garée
Je suis descendue
C’était là !
C’était possible
Je me suis enfoncée entre les arbres
Et j’ai trouvé l’endroit
C’était là très exactement
Et j’ai inspiré profondément
Et j’ai ouvert la bouche
Et rien n’est sorti
RIEN DU TOUT !
Il était bloqué
Il était bloqué dans ma gorge, mais plus loin encore dans mon ventre, dans mon estomac, dans ma chair, dans mes muscles, dans mes os, dans ma tête, dans mon cerveau
Il avait peur
Il avait peur de me faire peur
J’ai essayé encore
Et encore
Et encore
Et soudain
Il est sorti
MON CRI !
Et ce n’était pas assez
J’ai recommencé
Une fois
Deux fois
Trois fois
Quatre fois
Et j’étais déçue à chaque fois
Flûte !
Je croyais que mon cri allait terrifier le monde tout entier
Au moins un continent
Au moins un pays
Au moins une région
Au moins une ville
Au moins un boulevard
Au moins une rue
Au moins un immeuble
C’est ça
Il me fallait le sortir ailleurs
Mais j’étais déçue
Et manquais de souffle
J’ai pensé :
Ça n’est que ça mon cri ?
Et suis rentrée
Je n’ai plus jamais crié
A la place
Je danse
Sculpture atelier du château Noyers Sur Serein
Tiens ! Il y a Noyers sur Serein et la noyée sereine...