Vent du soir - 21 heures
Orage - vers 01 h 40
Le vacarme du vent m'a réveillée. Je suis allée m'asseoir sur le rebord de la fenêtre de la petite cuisine et j'ai observé le jardin. C'était impressionnant. Des nuages gris foncé et blancs se chevauchant, couraient et se dirigeaient vers le Nord. L'un d'entre eux, plus bas que les autres et d' une blancheur translucide, écumeux, de la forme d'une méduse, traversa le ciel à toute allure, les devançant tous. Il faisait clair comme au crépuscule, d'une clarté surnaturelle, "chimique" est le mot qui m'est venu à l'esprit. Les masses sombres des noisetiers et de l'érable et des arbres voisins étaient ballottées en tout sens par les rafales du vent. Le romarin, au milieu d'un carré de pelouse faisait la toupie. La toile du parasol que j'avais pris soin de replier, omis d'attacher, se soulevait et tournoyait à la façon d'une jupe sur le corps d'une danseuse. Au fond, mes pieds de tomates sous cloches résistaient. Je distinguais nettement les couleurs jaune et bleu du parasol de plage que j'avais accroché au-dessus de leurs piquets et lesté en son centre de pierres accrochées à des ficelles. Les tables et fauteuils de plastique blanc, renversés et calés les uns sur les autres, sur la terrasse n'avaient pas bougé et pourtant semblaient se mouvoir. Illusion d'optique. Un grand trait faiblement orangé a jailli d'une cheminée des immeubles de derrière les murs du fond du jardin, se dirigeant lui aussi vers le Nord. Il ressemblait à la flèche d'une grue immense, a avancé puis est resté en suspens. Je me suis demandé quelles turbulences pouvait ressentir un avion et dans quel état d'esprit devaient être les gens. Se trouvaient-ils au dessus de l'orage ou en plein dedans ? Je n' ai pris l'avion que 4 fois, Paris-Nice et Paris-L'île de Djerba, aller et retour par des temps cléments.
C'était l'intensité du mugissement du vent et la force des poussées de ses rafales sur les végétaux le plus spectaculaire, plus que les éclairs sans tonnerre. Les branches de l'érable proche semblaient prêtes à se détacher. J'ai eu sans crainte la pensée que l'une d'entre elles pourraient s'arracher et traverser les vitres derrière lesquelles j'observais le spectacle. La tempête a duré une quinzaine de minutes. Il a plu à peine. Le vent s'est calmé, après être revenu en rafales successives de plus en plus faibles. Aucune branche cassée, aucun dégât. La nuit, les évènements prennent un caractère plus prononcé, éveillant l'imagination et nos peurs les plus secrètes. Cette image d'une branche me transperçant , je n' ai pas compris d'où elle surgissait. Une image de film peut-être. Une ancienne voisine foudroyée par l'orage. Des récits de catastrophe. Ou simplement mon sentiment de vulnérabilité face aux éléments perturbateurs de la nature.
Entraînement à décrire uniquement, et à me remettre à la narration. Qu'importe le décor. Non, je ne suis pas un grand écrivain, je sais, merci et n'en ai pas honte non plus. J'ai des prétentions à écrire mieux, et donc à me faire publier. C'est tout. J' ai décidé que j'y arriverai, et qu'en cas d'échecs, j'aurai au moins essayé.
Alors oui, j' ai cru que je pourrai tout mener et n'y ai pas réussi ni pendant mon travail d'aide à domicile, ni pendant mon arrêt, ni pendant mes stages et formations. C'est comme ça, mais j'ai matière à achever enfin, et ce, que je trouve du travail ou pas. J'avais à "me reconstruire" comme l'on dit.
PS : il s'agissait bien d'une grue et non de la trainée d'un avion. '
Quand au rn, qu'il aille au diable qui l'habite et restent dans ses enfers...