Breloques sans trembler,

10 Mai 2023

Il n'est nul besoin d' user de grands mots pour raboter sa langue.

J' ai aimé ton visage

encadré ton regard

sur le tableau de mes oublis

Je me suis suicidée naguère

pour échapper à l'angoisse

dont je ne savais rien

Jeunes et perdues

On attire des prédateurs

Pauvres aussi

Jeune, je croyais si fort à la bonté

que je la voyais même chez les fous

Je n' étais pas armée contre l'agression, les coups, le viol

et pourtant je l'étais

comme une épave qui peine à s'échouer

On ne lisait que des œuvres d'hommes

comme si les écrivaines n'existaient pas

On ne voyait que des films

ou l'homme était fort

et la femme faible

en larmes

et à protéger

Elles disaient toujours :

Non, non, non

ce non qui voulait dire oui

ça nous "gavait" déjà

J'aimais tant Fifi brin d' acier

que j'ai appris à voler sans ailes

Partout, les rumeurs enflaient

aux pâles lueurs de l'obscurité

Il n'y a pas d'homme construit

ou déconstruit

Il y a des hommes plus heureux que d'autres

Un humain est un être empli des joies et des larmes de son enfance

c'est quand il l'accepte qu'il n'en souffre plus

J'ai été si menue

que même presser une orange

m'était difficile

J'ai été si perdue

que je me suis retrouvée sans peine

dans le vaste labyrinthe du monde

C'est en écoutant les malappris

qu'on sait qu'ils n'ont rien appris

Aux médecins ou psy du travail qui me disaient

GRAVE DEPRESSION !

valium, prozac

Je répondais

Rire, soleil, framboises, ciboulette, théâtre, cinéma, culture !

( On reconnait les pignoufs à leur mauvais diagnostics, non ? )

Au valium pour manque de muscles au cou

j'ai choisi le jardinage en minerve

Au prozac

J'ai préféré piquer une tête dans un lac

Je suis sûre d'avoir eu raison

Je n'ai peur que d'une chose en vieillissant

que la chute de mon nez

me fasse tomber

S'il fallait écouter le rhaine

"Les étrangers, dehors ! "

il ne faudrait pas oublier les français

L'extrême droite parle de racaille sans jamais s'y reconnaître

Il n'y a pas plus aveugle sur lui-même

qu'un paranoïaque

Un harcelé n'a parfois que sa parole

le harceleur ses mensonges

Ne pas confondre ancolie et mélancolie

j'ai toujours opté pour la première

Qui n'a que mépris pour plus faible que lui à ses yeux

appauvrit et son cœur et sa pensée

L'athée est-il un scientifique empêché ?

Vous voulez un piédestal céleste ?

J'ai les pieds d'origine terrienne

et tout le reste aussi

Nul besoin d'un Père

Un père, j'en ai eu un

Il n'avait rien d'un Dieu

mais eut ses lueurs

Si la pensée de l'homme est sujette à changement

il est dommage que vos Dieux restent imperméables au progrès

Le moraliste m'endort

L' artiste m'invente

Le moraliste est un prédateur immobile

Le poète en sauve les proies

N'écoutez-pas les tièdes

Vivre une passion renforce l' esprit

La langue reste une arme

quand le corps devient vulnérable

N' invoquer que des gloires ou des stars

est faire injure à l'histoire

C'est en fuyant les chasseurs de bécasses

qu'on trouve une paire d'échasses

Ton racisme primaire est dans ta tête

une clôture hérissée de fils de fer barbelé

et de vitres acérées

et si c'était toi

que tu n'aimais pas

au fond

tout au fond ?

On élève des enfants

pour essayer d'en faire des êtres libres

pas des alibis

ni des copies conformes

Il y a ceux qui aiment

et ceux qui attendent que nous les aimions

Le plus faible pour un esprit sain

est toujours celui ou celle qui se moque

et pas le moqué

La joie est une vue de l'esprit

et une volonté

Plus je me suis appauvrie

Plus la joie m'a sauvée

et la culture

et l'amour pour d'autres que moi

et ZZZZ, je "m' endore"

Film à voir sur ARTE, entre autres : Les 2 Alfred.