Je suis étrange
A voir des dunes sèches
Quand la tempête
Dévore les cris de l'océan.
Je suis étrange
A voir le vent
Quand plus rien ne bouge
Sauf le sang de nos artères,
Celui du monde
Et le ciel qui s'ouvre
Et m'engloutit.
Je suis étrange
A oublier tes mensonges,
A voir ta plainte
Sous ton mépris qui me ronge,
Et à m'aimer
Quand tu ne m'aimes plus.
Je suis étrange
A voir le rien, le tout,
Dans une terre aride et muette,
Et à n'entendre plus
Que les lamentations
Dans les berceaux des cathédrales jolies.
Suis-je étrange
A humer la sueur de l'artisan
Et à n'aimer plus
Que la main qui construit?
Suis-je étrange
A l'oubli de l'amour
A n'aimer plus
Que les ballets des hirondelles
Sur la terre ocre et pourpre?
Et suis-je si étrange
Pour me noyer
Dans les citadelles éphémères et mouvantes
Qui s'allongent jusqu'au soleil couchant
Pour en gober l'or
Et brûler de rose
Les ombres encore vertes qui se tassent
Sous le fardeau d'une nuit sang lune?