J'avalerai tout le sel de nos déserts

Je n'ai qu'une vie
L'au-delà ne m'intéresse pas du tout
L'au -delà ou nulle- part

Vos paradis m'emmerdent
M'enferment
Me nient

Vos parades
Vos paresses
Vos ignorances

Je ne compte plus sur vous

Elargissez vos oreilles
Et tout l'écho
Que contiennent vos sexes

Pleurez un bon coup
Et humez les roses
Plutôt que les charniers

Souriez au poète
Plutôt qu'au guerrier

Et votez, oui votez
Pour le moindre mal

Souriez aux galaxies
Embrassez les comètes

Nul présage
Cadeau

La vie
Cadeau

Une femme qui t'aime
Cadeau et
Volonté

Un homme qui t'aime
Cadeau et
Volonté

Brise ses chaînes
Si tu veux le/la lier à toi

Un enfant
Cadeau

Ceux qui ne peuvent en avoir
Hasard

Ceux qui les perdent
Chagrin

Ceux qui nous ploient
Crevards

Personne à mépriser
Sinon ceux qui nous engloutissent

Allez répandre vos tumeurs ailleurs
Qui ne m'atteignent plus

N'envie pas ma solitude
Et si ceci n'est pas un poème
Ni de la grande littérature

N'envie pas ta solitude
Et si ceci n'est qu'un caillou minuscule
Sur le chemin des grévistes

Il brille
C'est un éclat de quartz
Et une porcelaine

Une petite part de flognarde
Un rien de sacrilège

Un petit pas sur la montagne

Je bois!

Toutes les eaux des sources et l'océan
Un verre de Baileys et les châtiments

Je bois!

Tous les mots écrits à tort et à travers


Je bois!

à mon psychanalyste retors
à mes employeurs méprisants


Toutes les sources et os saillants
Toutes vos bourses et zoos brillants


Je bois!


à vos critiques à vos cris trucs
à vos abris à vos bravos

Au bitume qui me recouvre la peau

Et aux champignons qui le percent

Je bois!

Vos poèmes et vos pensées
Nos dilemmes et nos billevesées
J'ai soif!

J'écrirai dans un donjon de marbre avec une fenêtre pour y nourrir Les oiseaux
J'écrirai dans un lit sans fortune
J'écrirai mes yeux qui s'usent et mes muscles qui m'anéantissent
J'écrirai ceux qui sautent ou qui bleuissent
Je n'écrirai rien peut-être que le temps qui se délace
J'écrirai un rien d'amour
J'écrirai la solitude et la neige pourtant
Celle qui nous réchauffe
J'écrirai l'automne en été et le printemps d'hiver
J'écrirai des billevesées et la flèche des  martins-pêcheurs
J'écrirai le rêve d'un enfant comme un insecte posé sur le bout de son nez
J'écrirai nos sécheresses et nos impuissances
J'écrirai nos tendresses ou bien nos fulgurances

J'ai soif!

J'écrirai  sans dieux ni maîtres
J'écrirai sans pieux ni traîtres

J'ai soif!

Je bois le monde et ses misères
Je crache du sang et nos  déserts

J'ai soif!

Je bois les sept nains et les princesses
Je bois des parchemins
Des paires de fesses
Des lutrins et des latrines
Des pétrins et des pétries

J'ai soif!

Je recracherai tous mes escabeaux mes escarcelles les violoncelles les miradors et les condors les tourterelles et les chameaux les éléphants les caniveaux

Je bois
à la santé des poètes

J'ai soif!