Mon grain de folie
Agrafe autonome
Mon grain de folie
Est le sequin qui te manque
J'ai mangé si peu
Que mon appétit est parti
Un artisan l'a retrouvé
Gisant au creux de ses paumes nues
Je n'ai plus rien crié aux dieux inexistants
Je devrais changer de banque
Qui n'a pas effectué les démarches décrites
Je devrais t'écrire
Que je ne suis pas lue que par des fous
Que j'écris en mon nom et en mon nom seul
Que le Vatican vacille
Que le Pôle me gèle
Que la ZUP est en exil
Que les quartiers riches sont parfois des forteresses faibles
Que des pauvres s'immolent ou sautent
C'est un médecin qui me l'a dit
Et de sa fenêtre
Nous voyons les pompiers
Ramasser un suicidé au bas d'un immeuble
Que les catcheuses boliviennes ou les Femen me sont connues et non familières
Que les critiques insultes dénigrements leçons de morale ne m'atteignent plus
Que j'écris MON ROMAN
Que je ne suis pas de votre monde mais du mien
Qu'il est haut en couleurs odeurs et tendresses
Que Marre'in et ses alcooliques me font pleurer
De Honte
Pour eux
Que si ceci n'est pas un poème
J'écoute Pigalle
J'ai la vie qui éclate !
J'ai vraiment la patate !
Le monde n'est pas si noir
Le monde n'est pas si jaune
Le monde n'est pas si rouge
Ou du sang que vous versez
Du rang que vous revendiquez
Je suis la fille du ramoneur
J'ai essuyé vos quolibets
J'ai essuyé vos cheminées
J'ai pris garde à vos bibelots
J'ai entendu vos fiertés
Qui ne sont pas les miennes
Je vous ai vus m'épier
Je vous ai vus me plaindre
Je vous ai vus le craindre
Je suis la fille de l'infirmière
étouffée par vos valeurs à réactualiser
Je ne suis plus la fille de dieu
Seule celle de mes parents
Et ce pour l'éternité
Vous vous trompez
Je ne retrouverai jamais la foi
La vraie je l'ai déjà
Je suis une fille de cœur de Raoni
Une terre à sauvegarder
La sœur à Coluche
Pas celle des enfoirés
J'écris en accord avec moi-même
Je deviens celle que je suis
Et qui n'arrivait pas à naître
Mon grain de folie
Est la vie qui m'éclate
Duras buvait pour oublier l'inexistence de dieu
Je ne bois pas pour les même raisons
J'ai l'ivresse légère et passagère
Celle des aérations
J'ai fait un gâteau de pommes de terre
Savoureux
Préfère du vrai pain et un beau bout de cantal
à tous vos plats usinés
J'ai connu plusieurs sortes d'esclavage
Et vous en tiens pour responsables
Moicomprise
J'ai parfois été refoulée
Par des administrations
Repoussée
Dans/PAR les séances de génuflexion
La moindre pousse a ses chances
Et je repique
Jusqu'aux orties
Je reste une grotte en érection
Et j'ai la glotte en ébullition
La moindre housse a ses hanches
Et je rhabille
Jusqu'aux parvis
Je ne suis pas de votre monde mais du notre
Je suis votre fille votre mère et votre soeur
Ou celle que vous auriez pu avoir
Ou la femme que vous aimez
Celle qui vous effraie
Ni cierge ni gradin
La moindre secousse a ses fentes
Et se duplique
à l'infini
Je suis femme
et n'ai pas toujours raison
mais toute ma raison
et mes saisons intimes
J'ai rencontré l'ours que j'attendais
Il a le coeur tendre, la main douce, la main verte, l'esprit intègre et concis
Il a le corps ferme et rond
Il est de ces ours qui font danser
Et dansent