Au jardin de mes pensées

Pâquerettes, pissenlits et myosotis
Sont les yeux des jardins
Perles de la vie
Ils ont des bouches avides
Des bras résistants
Je tondrai moins la pelouse
Il y aura plus de punaises
Et de criquets
D'abeilles et de papillons
Plus de tableaux colorés
Et vivants
De bruissements d'ailes
Une petite prairie
Comme un abri
Une inclinaison à rêver
Un petit coin pour méditer
Se ressourcer
Il faut que je travaille
Sans rouleaux de scotch
Oubliant les représailles
J'aimerai t'aimer
Ne sais où tu habites
Qu'importe
Je suis pleine des chants des autres
Il faut que je déraille
Que je trouve mon chemin
L'érable est très fourni
Il s'étendra pour les oiseaux
Tant pis pour son ombre
Moi, j'ai le soleil
Du matin au soir
Côté jardin
Je ne vois que verdure
De vieux volets fermés

Est-il décédé le fou des abeilles
Qui n'avait plus toute sa tête
J'avais vu l'un de ses enfants
N'avais pas aimé comme il lui parlait
Comme à un tout petit enfant
Il vivait reclus mais sa maison grande ouverte
Toutes les portes en claquaient
Il vivait sans chauffage
Chaudement habillé
Il fuguait
Revoir ses abeilles
L'a t-on enfermé ?
Je n'ai jamais osé sonner

Moi aussi, il m'arrive de craindre la folie
Je l'ai côtoyée longtemps
Lui ai changée ses couches
Elle avait tous les visages
Elle était de toutes les conditions
Elle était très seule
Parfois mourante
Ou très dynamique
Rarement agressive pourtant
Elle ne m'a jamais fait peur
Sauf quand elle était sadique
Il y avait derrière
Souvent bien des traumatismes

Pâquerettes, pissenlits et myosotis
Ouvrent ma langue
Il faudrait qu'elle fleurisse

Comme ce muguet,  ces roses et ces lupins