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- Je souffre, m’avait-t-il dit.

- Je le sais, ai-je répondu. J’en ai une conscience très aiguë.

- Mais je souffre horriblement ! Et ne sais pas quoi faire pour en sortir.

- Moi non plus, ai-je dit.

- C’est tout ce que tu as trouvé ? ça me fait souffrir encore plus !

- Et moi donc. Il me faudrait le temps d’y réfléchir. C’est sans compter toute ces douleurs.

- Essaie les cachets ! m' a-t 'il lancé d'un ton moqueur.  

- J’ai déjà essayé… Tout ce qu’on m’a conseillé. Saloperie !  Tu en veux ?

- Non merci.  Si ça ne te fait rien, je ne vois pas comment ça me soulagerait, moi.  Tu n’y aurais pas mis de la mauvaise volonté au moins ?

- Quelle confiance ! Les uns m’endorment, les autres me font tourner en rond. Quant aux derniers, c’est mon estomac qui ne les digère pas.

- Justement ! J’ai le même que le tien.  Que pouvons-nous faire ?  a-t' il insisté.

- Tu comptes toujours sur moi. C’est pénible, ai-je murmuré.

- Tu sais bien que toi et moi, c’est à la vie et à la mort ! s’est-il exclamé.

- C’est bien ça qui m’inquiète,  ai-je répondu.

Il se trémoussait, se roulait par terre, se jetait dans mon lit, ou gisait allongé sur le tapis. Je commençais à avoir l'habitude.

- Alors ?

- Il y a une chose que nous pourrions faire pourtant, ai-je repris.     

- Laquelle ?  demanda-t'il en se tortillant sur son fauteuil. Il ne tenait décidément pas en place.

- Cessez de gémir et muscler.

- Du sport ? a-t'il dit en soulevant ses deux sourcils inquiets.

- Oui, du sport. Je ne vois rien d ‘autre.

- Ça va faire mal ! s’écria -t’il. Tu veux ajouter du mal au mal ?

- Je crois qu’il faut en passer par là, progressivement.

- Je suis faignant ! je te préviens.

- Je sais. Autant s’y mettre tout de suite, ai-je conseillé.

- Ce sera sans moi !  a- t'il crié.

Je me suis levée. J’en ai eu marre de discuter avec mon handicap. J'avais déjà remarqué qu'il avait toujours raison et n'aimait pas être contrarié. Pas rancunière, je l'ai laissé m'accompagner. Je suis allée m’acheter  un vélo, un ballon, un élastique. Pour le bâton, j’utilise mon bouffadou, un vrai, de Lozère. Cadeau familial.  De même qu’une paire de petites haltères.

Mon handicap vient m’emmerder régulièrement. J’ ai pris l’habitude de moins accorder d’attention à ses jérémiades. De temps-en-temps, je lui flanque une bonne fessée. S’il reste des jours où il est plus fort que moi , je le bats sur la durée.  Il faut lui apprendre à rire  aussi, et là, encore, il résiste.

Je l'aurai, à l'usure. ça restera entre lui et moi...

 

 

 

Tag(s) : #pauséie
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