Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog


Femme et nature, ou la nature d'une femme peut-être...

J'ai fait l'amour avec un arbre.

Il avait le corps tendre
Et vieilli.
Il avait le corps fendu et large
Pour m'y enfanter,
Des branches feuillues et affamées
Pour m'en caresser.
J'ai fait l'amour avec un arbre.

Il avait un sang luisant et collant
Pour m'en enrober,
Des racines puissantes mais légères
Pour m'en élever,
Un chant parfumé et sauvage
Pour m'ensorceler
Et des verges moussues
Pour m'en pénétrer.
J'ai fait l'amour avec un arbre.

Et nous avons dansé,
Oui! Nous avons dansé,
Sa peau d'écorce
Sur ma peau nue,
Mes doigts dans ses encoches,
Dans ses entrailles,
Lui incliné, me baladant,
Puis animé, me soulevant
Comme un fruit d'automne
A son firmament.
J'ai fait l'amour avec un arbre.

Toutes ses feuilles m'adoucissant,
Ses yeux arrondis me rosissant,
Ses écorces absorbant mes rêves
Et mes sèves,
Mes colères et mes désirs.
Son corps s'est gonflé,
A craquelé dans nos jouissances.
Ses peaux de bois riaient,
Ses veines palpitaient,
Ses humeurs s'accéléraient,
Nos deux corps confondus,
Nos deux âmes magnifiées.

J'ai fait l'amour avec un arbre,
Et nous avons chanté,
Oui! Nous avons chanté,
Et les cerfs ont bramé
Et la lune a rougi
Et le ciel a craqué.
Il m'a déposé
Sur un lit de fougères rousses,
Et j'ai su,
Oui! j'ai su
Qu'il me disait adieu
Et que c'était dans l'ordre des choses.

Et j'ai pleuré,
Mais mes larmes m'étaient douces,
Mes larmes étaient rousses,
Mes larmes étaient pousses,
Et j'ai enfanté
Un enfant étrange,
Un poème végétal,
Une cicatrice à mon âme,
Et depuis,
Mes larmes ont ce parfum sauvage
Et la forme de ces feuilles,
Mon corps a cet élan de rage,
S'y endorment tous mes deuils,
Et depuis,
Mes peurs se suicident
Sous un ciel végétal.

J'ai fait l'amour,
Avec un arbre.


Un chêne, un vrai chêne.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Amour d'arbre,

L'arbre m'a souri.
Pourquoi grimper sur ma hanche
Et te cacher sous mes branches
Ou sans rêves dans ma panse?
Moi, je n'ai rien dit
Mais caressé son écorce.
L'arbre a frissonné.
Va retrouver ton amour
Et enchante tes enfants!
Ensemence tes serments!
Et moi j'ai pleuré.
Et l'arbre s'est agité,
Doucement m'a renversée.
Je ne peux plus rien pour toi
Et refuse ton émoi.
Et moi j'ai crié.
Attends un peu m'a dit l'arbre.
Arrache- moi deux racines
Pour t'enraciner au sol,
Mais les plus petites.
Tu n'as plus besoin de moi,
Mais toujours ma sève en toi.
Tu es femme arborescente,
Tu sais gammes forestières.
Tu es femme et ta conscience,
Tu sais louve et renardière.
Je l'ai enlacé
Puis j'ai mâché une feuille.
Je l'ai embrassé
Et n'en ai pas fait le deuil.

La sitelle m'a chanté
Si tel est ton réconfort,
L'arbre aussi tu l'as vanté,
Il peine mais fait le mort.

Les enfants lui ont conté
Ses légendes d'autrefois
Quand tu savais les monter
A la cime de ta foi.

Ouvre donc ton coeur de bois
Et laisse échapper les fleurs.
Laisse s'enfuir la couleuvre
Enroulée sur tes effrois.

Couleuvre s'est endormi,
Elle y a ses habitudes,
Et n'effraie personne hormis
L'éclat de ma solitude

 C'est un hommage à un vrai châtaignier quand j'étais animatrice-environnement.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Mon arbre vieillissant est un bateau,

Ton bois s'est refermé sur mes parfums et tes derniers fruits se sont ouverts à mes gourmandises. Laisse-moi aller maintenant. Je te laisse à tes dérives. Je reviendrai peut-être m'agripper à ton mat.

Tu es mon arbre bateau, l'escale de mes tempêtes, le pilier de mes vagues secrètes, et je suis ta nymphe invisible, la seule feuille que tu ne peux posséder et qui vient pourtant s'accorder à tes branches.

Au matin, le vent soufflera noir sur ta cime, et tu voudras m'emprisonner dans ton coeur vieilli, mais je m'échapperai vers des terres moins arides. Une feuille libre craint les racines trop enfouies. Et même si elle se déchire, sa trame est plus légère. Tant pis si elle s'effiloche.

J' essaie d'être si légère et je t'alourdis. Il est temps que je m'en aille. Nos vents ont détournés nos têtes. Laisse-moi m'envoler au livre de mes saisons. il faudra que nous en mourions un peu avant de nous reconnaître...


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°


La femme-fruit,

 

Mon arbre m'est plus chair que tous.

J'aime ses senteurs printanières

Et les prismes colorés de ses écorces

Qui m'embellissent,

Ombelles durcies par les éclairs d'une vie.  



Son ombre m'éclaire d'innocence.

Son ambre et celle,

Qui m'ombrelle.

Son ventre airelle,

Balancelle.   



Son antre, son air,

Son beau.

Il danse.


Ces poèmes m'ont été inspirés par de vrais arbres et non des amants, ça aurait pu, mais non.
C'est ça aussi la poésie.

Tag(s) : #pauséie
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :