Ou mon havre des arts et de la poésie,
Pour l'amour d'un cahier,
Je vis avec un cahier neuf
Muni d'un crayon veiné,
Et je marche sur mes chemins
Puisque je vois le monde
Dans une toile de rosée
Et que j'offre l'immonde
A une épeire illuminée.
J'ai brisé des règles géantes
Et la lame des faux
Sous les mâchoires
D'un nécrophage ventru,
Et je me suis extraite
Des dents d'un sarcophage
Tendu.
Je vis avec un cahier neuf
Muni d'un crayon veiné
Et j'y orgasme en toute sérénité.
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Moi, folie moi,
Veux-tu me laisser tranquille!
Foi, flouée fois,
Veux-tu me lasser paisible!
Toi, joli toi,
Ne me laisse jamais tranquille!
Je connais bien des bois à mes voyages.
Je ne connais aucun roi qui vaille,
Sinon les toits de la musique.
je ne connais aucune foi qui m'aille,
Sinon une robe qui foisonne
En moisson de mots.
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Hommage au géant Rebeyrolle,
Roule, roule le ruisseau,
Coule, coule le chaos,
Boule, boule le bouleau,
Saoule, saoule si là-haut.
Le cyclope a fermé
Tous ses yeux fins,
Ses fois,
Mais les a "scalpés",
Sculptés, mats sonnés.
Dors! dors! Rebeyrolle.
Volent tes viviers,
Tes poissons volants,
Tes pas de géant.
Suzanne est transie
De froid!
Elle est saisie
De toi!
Moule, moule nos émois.
Foule, foule chaque fois
Nos "à larmes" sans joies,
Nos sangs armes de bois.
Dors! dors! Rebeyrolle.
Corps en criée,
Leurs cris en couleurs,
En chairs, en choeurs,
Tes craies de douleur,
Tes vrais de bonheur,
Tes bancs voyageurs,
Tes bons de valeurs,
Tes valeureux,
Tes valeureuses,
Tes mâles heureux,
Tes malles heureuses,
Tous tes corps en livrée,
Tes toiles enivrées,
Tes voiles vivantes,
Hurlantes,
Enveloppantes,
Tes tâches qui nous chantent,
Nous enfantent,
Nous hantent.
Ton art, cadet?
Caduque, cagneux,
Ton "arcadence"
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Le poète,
Le poète écrit, collages,
Au delà du temps,
Au creux des vagues,
Vogue en nos âmes,
Smog ou s'extases,
S'écrase en eaux
S'il vole Icare,
M'extasie en haut
S'il vole mon âme.
Le poète, nos cris, nos rages,
Au delà du vent,
Aux bleus des âmes,
Frappe en nos cordes,
Les craque, les hale
Aux queues des étoiles,
Nous pousse,
Au delà de nos armes,
En berceau de nos larmes.
Le poète petit, pétant,
Arpente en géant
Les petits pas perdus
De lunes éperdues,
Argente en croissant
Leurs faces trop rouges,
Efface en riant
Leurs grands nez qui bougent,
Embrasse de sa plume,
Leurs dunes indolentes.
Le poète, ses cris, ses rages,
Au delà des mots,
Au creux des images,
Se casse en arceaux,
Se croche mât
En nos voyages,
Se plume de Pan
En coquille Art,
Se hume d'abord
En nez, nu phare.
Le poète grandit, amant,
Aimante, éveille,
Ses petits pas menus
Se glisse en nos guerres,
Place le soleil
Sur l'ombre des plaies,
Guette les barrières
Gardées sur la Paix.
La Paix, rivage...
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L'idéal isthme,
Mon idéal? dis-tu
Entre deux âges, entre deux eaux,
Sur deux voyages, sous ton pinceau,
Sur marécages, sur mon bouleau.
Et je m'étendrai, libre
Sur l'isthme idéal
De mes volontés,
Et je lirai ton livre,
Séisme moral
De lucidité.
Mon idéal? dis-tu
Des paix qui égalent
Nos sangs bouillonnants,
Des mais qui ravalent
Leurs dents de devant.
Et j'écouterai, libre
Les cris trop bruyants
De nos plaies immenses.
Et j'embrasserai, libre
L'écrit consolant
Qui, du coeur, s'écorce.
Mon idéal? dis-tu
Nos yeux abaissés
Sur la baie de l'enfant,
Nos creux à croquer
Sur les corps si craquants.
Et je t'embrasserai, libre
Nos cris s'ennuyant,
Qui d'un mot...
Semence.
Et nous nous entendrons vivres,
Sur les isthmes idéaux
De nos libertés...
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La poésie,
Que m'as-tu appris Poésie,
Sinon que je ne suis qu'un grain,
Un grain de peau et de folie,
Si petit caillou en sursis.
Je le savais déjà, bien sûr,
Malgré tes airs de paradis.
je suis venue à toi, obscure,
Pour en jouer de tes habits.
Et sous tes lois enchanteresses,
Si je n'en garde que tendresse,
Que m'importe les crocs du fort,
Si dans mes eaux, j'ai ton ivresse.
Alors, j'irai par tous mes fils,
Me hisser jusqu'à tes échos,
Et je verrai entre mes cils,
Le rire d'un coquelicot.
J'irai dire aux grands de ce monde
Qu'ils sont crottin en mes pays,
Que jamais, je ne les jalouse,
Et que mots morts vont au tombeau.
Alors, j'irai au nom de mes filles,
Me glisser dans leurs hauts fourneaux
Pour y brûler leurs mots de trop,
Et leur coincer entre les dents,
La plume alerte et ravissante.
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Livres, ennivrez-moi!
Ou l'ivresse printanière des livres, en hiver.
Livre -moi des livres, aiguise-moi.
Mes lèvres sur tes livres,
Tes lèvres dans mes pages.
Emmène-moi dans ton voyage.
Mes livres comme un havre,
Un havre de paix. Un arbre de mai.
Mais tes livres, prête-te les moi!
Mais je te livre là, tous mes émois!
Moi, mois qui passe sous le givre,
Givre qui ne m’emporte pas,
Tant que passent toutes les grives,
Ivre, je ne m'apaise pas.
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L'enceinte d'écriture,
Je suis enceinte.
Des embryons d'écritures gonflent l'antre libre
De mes cellules.
je fais des grossesses nerveuses multiples.
Parfois, j'avorte dans des flots de lettres obscènes.
Il m'arrive de pondre des oeufs colorés,
Puis de les abandonner.
Hier, j'ai donné naissance à des feuilles mortes.
Le vent a tout emporté.
Aujourd'hui, je vole les secrets du printemps
Pour enfanter des fleurs qui deviendront des fruits.
Demain, j'aurai un verger en devenir.
je le veux sans grillages,
Ouvert à la nature.
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J'écris comme je jouais,
J'écris comme je jouais, sans savoir d'ou vient le jeu ni pourquoi.
J'écris, gomme et rature, nomme et nature même natures mortes.
J'écris quand tombent sur mon corps de grands nuages noirs.
J'écris quand l'aurore se lève dans mes yeux et qu'un rire de soleil
Éclabousse mes voeux, heureux.
J’écris sans rien savoir du temps qui m’use, comme si je savais jouer de la cornemuse.
J’écris sans corps encore, ou pour mon corps dépoli.
J’écris sans bien savoir le vent qui m’emporte. Qu’il m’emporte!
je joue avec des mots comme d’autres les haïssent, et les porte sur mon dos comme des jardins à fleurir, Sourires.
J’écris sans rien savoir des arrogants, sans être hantée par les aphtes des gourmands.
J’écris pour espacer les arbres qui me peuplent et pour en admirer les fruits.
J’écris comme je jouais, le doigt sur l’éternité d’une plume de geai.
J’écris pour me rejoindre au gué, quand toute colère est absorbée par les remous.
J’écris pour te rejoindre, quand la nuit a mis ses lunettes de hibou passe-partout.
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Ô! ma lune,
ô! ma lune! ma laine,
Ma laine nubile,
Ma lune débile,
Fesse de linotte!
ô! ma lune! ma teigne,
Ma reine Sibylle,
Lunule céleste,
Tête de litote!
Ô! ma lune! marraine,
Ma saine et me signe,
Lagune si leste,
Ma traîne si sotte!
Ô! ma lune! ma lionne,
Ma gêne, ma ligne,
Ma longe qui reste,
Me freine, me cote!
Ô! ma lune bourdonne!
Ma benne, ma bonne,
Me ronge, m'inceste,
Me draine, ma dot!
Ô ma lune! Ma muse!
Ma go et lettres,
Ma lenticule,
Mon monticule,
Ma limonière,
Mon sombrero,
Sombreroïne...
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ça existe,
ça n'existe pas,
Que dans nos mains qui se tendent
Sans jamais se rejoindre,
Dans nos corps endormis,
Le rêve d'un infini,
Dans nos yeux qui s'éveillent,
Se vêtissent d'illusions,
Dans nos mots qui se hissent,
Nos émois qui trahissent.
ça n'existe pas,
Que dans la douceur de mon chat
Et dans la rosée du matin,
Dans la claire-voie de ma tête
Ou l'odeur de la parisette,
Le moelleux du bon pain,
Le piquant d'une châtaigne,
L'arrondi de son coeur.
ça n'existe pas,
Que dans un vers de soie,
Chez l'oiseau de Minos,
Les folies de Miro,
Sur les ailes d'Isabelle,
Dans le p'tit cheval bleu,
La lettre à Elsa
Et nos coeurs amoureux.
ça n'existe pas,
Que dans les mots du poète,
Les larmes d'une femme
Enlacées aux yeux mâles,
Dans le tendre d'une écorce
Écorchée dans son âme,
Épousant le lichen,
Dans l'aubier de vos coeurs
Resculpté par nos flammes,
Ravissant toutes nos armes.
ça n'existe pas,
Que dans les yeux de l'enfant qui s'éveille,
Dans les Cieux de nos vies qui s'élèvent,
Dans le rouge feuillu qui s'achève,
Dans la couche de deux amants qui s'aiment,
Dans nos bouches avides de baisers,
Dans nos bouches arides à cracher,
Dans la chaleur d'un logis,
Sous la douche, rumeurs de nos envies,
Sur le pouce d'un Poucet qui en rit.
ça n'existe pas,
Si nous l'avons perdu
Sur un chemin tracé d'épines,
Si nous l'avons laissé
Aux fauves affamés,
Si nous l'avons enfoui
Au creux d'un coeur glacé,
Si nous en avons peur,
Trop, trop de chaleur
Pourrait nuire à nos coeurs.
Trop, trop de bonheurs
Pourrait nuire à nos malheurs.
ça n'existe pas,
Que dans le rêve d'un enfant innocent,
Que dans nos trêves d'un élan insouciant.
ça n'existe pas...
j'irai le chercher
Sur la traîne d'une étoile,
J'irai l'épouser
Sur le chêne qui me voile.
J'irai mourir encore
Pour renaître à ta vie.
J'irai sourire
En fenêtre de survie,
J'irai mourir un jour,
Un sourire sur nos lèvres.
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Vallée transversale, traversine,
Transes sahariennes, transes valériennes,
Ni trémelle, ni tremblotte,
Oh! vers! dose.
Overdose des maux!
J'veux ma dose,
Des mots!
Des mots, des modes, des dames, des toms,
Des dames- toms,
Des spots à voeux, despotes aveugles,
Des squames action,
ça me des uns toxiques,
ça me des vers GONG!
ô galion! Si galion court la galipote,
Cupidon! Culbute la sotte!
Qui n'en a ni cure ni cours
Mais s'en cure et y court,
Qui n'a buse ni bouse,
Ni barbouze, mais bise
Ou bûche! Ma biche!
Cancres las de la littérature,
Quand! crève-la de la lie! et rature!
Sires confèrent rances,
Je ne t'atteins pas à la cheville- art!
Et je hais les chevillards.
je ne t'atteins pas à la cheville, ART!
je me tâte un pas et me chenille.
je suis timbrée d'une aura, d'une aurélie,
Pas d'une auréole, OH! Eole! Eole ouf!
Des mots m'ont violée,
Des maux aussi,
D'autres m'ont violée d'amour,
D'âmes qui mourrent,
De mannes qui rament,
Trémolos- traquenards- traumas!
Hé! Molo! Trébuchets pour troglodytes!
J'improvise, je travaillotte,
Même pour rire et ma bouillotte.
Vers diffamatoires!
Dis femmes à boire!
Dis femmes à choir!
Je chus! O comme j'ai chu et n'ai voulu chat- voir!
Je chus! Méchants! Soir!
je fus- Méchante- Voir!
Je chus et ne trouve plus de chute!
Quelle chute sans chute!
Que faire? Que chair? Mon cher? Ma chair?
Je chus! sotte! chochotte!
Sus! aux nimbus! aux nébuleuses!
Chus?
Chut!
CHUUUUUUUT
CHUUUUUUUUUUUUT!
CHUUUUUUUUUUUUUUUUT!
CHUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUT!