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FEUILLE EN PAPILLOTTE
Bain d'automne,
Mon teint se pomme,
Et je m'effeuille colorée,
Et je m'étonne,
Clairsemée.
Bain d'humus,
Mes reins chantonnent,
Et je m'amuse, billevesées,
Et je m'enrhume,
Orangée.
Bain d'esprit,
Mes seins fleurissent,
Et je foisonne ou givrée,
Et je fusionne,
Dégelée.
Raison d'automne,
Feuille en papillote,
Je ne m'ouvre plus
Qu'aux lettres délicates.
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La feuille morte et l’arbre sans son bois.
Je meurs cet automne, tu t’étonnes? Parée d’ocre, d’un peu de ton sang et du soleil mourrant. Le vent m’a poussée, fanée, tout- au fond d’un châtaignier percé, pour y passer l’hiver à l’abri de tes gelées précoces. Une marte me tient chaud, parfois une belette.
Renaîtras-tu au printemps ou deviendrai-je humus, humeurs, tumeurs.
Tu meurs un peu, dis-moi?
Tu pleurs un peu, c’est ça?
Quand ta sève se mêlera à la mienne, j’y croirai, tu vois, à nos branches.
En hiver, je ne givre pas, je ne dors pas non plus. Je prépare de nouvelles feuilles, pas toute seule non, avec la richesse de ces bois, et mes rides s’y impriment d’une nouvelle jeunesse.
Je me multiplie et me colore de tous nos printemps.
Dors!
Puis, gèle!
Arbuste de peu de foi.
Puis reviens-moi, quand l’aurore t’éveillera.
Je me ferai belle pour toi.
J’ai sorti mes plus belles robes, puis revêtu ma chemise d’amour en dentelles de peau nue. Bientôt, bientôt, au printemps de nos amours, je t’offrirai ma robe verte et toutes les fleurs qui s’y accrochent. Bientôt, bientôt, tu liras en moi comme dans un paysage onirique.
Je serai la nymphe de tes voyages et l’or à tes pousses, et tu imprimeras sur mes feuilles, la tendresse d’une sève essentielle…
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Un peu d'automne en hiver,
Au milieu de l'automne, se vêtir d'ombres et de lumières, se sentir ronde et pourtant légère,
Vivre féconde de vers et d'envers, même d'hivers et d'envies, fécondée par des ombres de lumière.
Les terres sont en nuages, et le ciel est en virage. Des êtres sont en réveil, en peaux de voyages, en poils, en plumes de Rivages, même en écailles. Sur une pierre polie, un gros lézard vert.
"J'emplis mes poumons et mon coeur". Les nuages s'amoncellent, et une pluie rousse fraîchit le bois, puis une pluie verte qui vivifie. Le soleil perce encore la mer qui transhume, puis marche dans la clairière, et s'y assoit, ses bras étendus dans les ramages.
"Une pluie orange" traverse les feuilles, et bientôt, une pluie arc-en-ciel, une pluie qui remonte,
En écailles colorées, à rebrousse-poil, à rebrousse- plumes, à rebrousse- feuilles, une pluie arc-en-ciel qui décolle, puis s'envole.
Une pluie de citronnelle sur une terre orangée, et dans nos coeurs bleus, nos coeurs sont tendres comme des oronges...
En écho à un texte de Bismoun, auteur- compositeur- interprète. (voir son site, tapez Bismoun, mais tapez doucement)
Je lui ai repris les expressions entre guillemets.