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Lundi 17 novembre 2008.

 

Admission à la clinique à 17 heures.

 

Admise! Hourrah! J'ai été admise! Y'a -t'il des non-admis? Qui et pourquoi?

 

 

Qu'ai-je apporté?

 

Le monde du jour. Je ne voudrais pas mourir, sait-on jamais- Non, on ne le sait jamais le moment exact, sauf quand autrui nous l'annonce. "Tu vas mourir, déserteur. je vais te tuer, salope. On nous envoie au casse-pipe. L'ennemi arrive et m'a cerné...ou quand nous le sentons. ma grand-mère l'a senti. Elle a appelé et dit, c'est pour bientôt, je le sens, et c'était vrai. Elle a donc pu mourir entourée des siens, présents cette nuit-là. Mon père a décidé de mourir la nuit aussi. Meurs-t'on plus facilement la nuit comme les vieux meurent plus aisément en hiver? Les SDF aussi mais pour d'autres raisons._ Je ne voudrais pas mourir, disais-je, sans m'être imprégnée du monde du jour, même si le monde va plutôt mal.

 

Il faudrait peut-être hospitaliser le monde. La logique serait de prévenir ses maux plutôt que de s'éreinter ensuite à les guérir, souvent trop tard.

 

Qui cherche à prévenir les maux du monde plutôt qu'à les guérir?

Mes votes ont toujours dépendu de ces questions.

 

 

Le monde m'appartient ce soir, enfin, une petite partie du monde, parce que tous ceux dont on ne parle pas ou déjà plus, parce que tous les oubliés du monde...

 

 

Mon âme aimerait fusionner ave le monde, celui dont on parle et celui dont on ne parle pas.

 

 

J'ai le canard de mercredi dernier. Le canard m'enchaîne tous les mercredis et m'aide à déployer mon âme, à l'alléger de bien des mensonges ou de promesses irréalisables, mon but étant de cancaner du mieux possible et de ressembler à un canard sauvage, de ceux qui restent indomptables.

 

 

 

J' ai apporté Corps et biens de Robert Desnos. Mes lettres et mon corps s'en détendront. Il leur faut du temps et le temps m'est conté.

Trop pressées mes lettres, bâclées, trop éloignées, informes, brouillonnes, inachevées, des lettres qui ne croient pas en elles-mêmes, suicidaires ou trop vieilles.

 

 

 

J'ai aussi dans mon sac Du monde entier de Blaise. Blaise, quel prénom! pauvre Blaise! pauvre Sophie! Pauvre Alice! Mais Blaise Cendrars, c'est autre chose.

Blaise Cendrars et ça ne tombe pas en cendres, non, au contraire, ça s'illumine, le a de braise dans Cendrars peut-être, le r de braise. Je lis Blaise et je pense braise. Les braises de la vie, les braises du feu, même celles  des cendres...

 

 

 

ça finit par faire du monde dans ma chambre et tout ce monde s'y tient bien.

 

 

 

Que suis-je au monde, sinon un tout petit bout du tout, un petitou un rien du tout, un nain même naine, un rein de géant. Serai-je l'une des côtes d'Adam?

 

 

 

Ma chambre est grise et blanche.

Le ciel est gris et blanc.

Mon âme est grise mais blanche.

Le sol de la clinique est vert.

j'ai le corps vert. Il y pousse de drôles de choses, des espèces de champignons inconnus, des corps étranges dont je ne sais rien et dont on n'a pas jugé utile de me parler. Des kystes. Un k et un y pour compliquer le tout, un mot à l'étymologie douteuse. Je m'imagine ces intrus comme des corps gras, visqueux, difformes et menaçants. Comment ai-je bien pu fabriquer de telles horreurs, sinon à mon insu?

Un rejet de pesticides,  de bile de ménagère surexploitée? Comment savoir? Un peu tard pour m'informer. 

 

 

 

 

Les heures s'étendent déjà. Le temps a changé, je vous assure! Le temps s'étire sans fin. Même la nuit se fait attendre. Quel abruti a inventé le temps! Les montres, les horloges! Il faudrait revivre à la chaleur du soleil, au propre temps de la terre, de la lune et du soleil. Nos enfants ne dorment plus, ni nos vieux. Nous ne dormons pas, nous nous affalons. Nous vivons à l'envers. Pas étonnants tous ces maux de tête!

 

 

J'ai une sciatique, une hernie, un lumbago. Si vous saviez comme j'ai mal au dos! Je pourrais prétendre au statut d'handicapée, mais ce mal ne se voit pas, mais je n'y tiens pas. Je ne trouve pas les handicapés tellement intégrés dans nos sociétés. Je n'ai jamais cherché à profiter de la société. La société a parfois cherché à profiter de moi. 

 

 

 

Je relis Blaise, puis Robert, le monde puis le canard.

 

Faut que j'écrive, quelquechose, n'importe quoi!

 

Vais-je prier? Je ne crains pas l'opération elle-même. Ce sont les mots d'un chirurgien qui me sont revenus, "Vous nous avez fait peur au réveil. Vous avez des problèmes avec l'anesthésie. il vous faudra éviter les anesthésies générales".

 

Vais-je prier?

"Mon Dieu, si jamais vous existiez...."

 

WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAaaArf!

 

Je ne peux pas  et ça me rend joyeuse. Je me fous de l'enfer et du paradis comme du CAC 40.

 

"La vie, l'intelligence, l'éveil, l'humour, la musique, protégez les miens en mon nom"

 

Me rendre à un dieu hypothétique, hypnotique et vengeur, et au chômage de surcroit, c'est au-dessus de mes forces!

 

Non pas prier, mais écrire.

 

Aucune étoile dans le ciel. Je n'ai pas fermé le rideau puisque j'ai vue sur le ciel. Qu'importe! Nulle envie de quémander une comète. Je voudrai revenir à la poésie. Lire.

 

Je lis Blaise, je lis Robert. je relis Robert, je relis Blaise. Pourquoi eux? Parce qu'ils sont les seuls que je n'ai point lu entièrement des livres de poésie que je me suis achetés.

 

 

 

Dormir. Je ne dormirai pas, je le sais déjà. Ecrire aux miens. Parce que si c'était ma dernière lettre...

 

 

A mes amours,

 

Si jamais...

 

Si jamais la mort-fée m'avait emportée dans son sommeil éternel,

Je vous aime.

Je vous ai mal aimés,

Mais je vous aimais,

Et je vous aimerai toujours dans vos pensées.

 

Ne retenez que cela.

Je vous ai toujours aimés,

Même dans mes moments de doute, de fatigue ou d'amertume,

Même dans mes colères ou mes impatiences.

Vous étiez ce que j'avais de plus cher et de plus chair au monde.

 

Ne vous déchirez-pas.

Voyez! La vie s'évapore si vite. Vivante ce soir, morte à l'aube ou le contraire, cette éphémère.

La garce!

Mais la farce! la tarte aux pommes! Nos tarses, nos os qui nous consolident et nous entraînent dans des voyages et des ballades, vers les autres, à l'envers ou à l'endroit, en vers ou en bras.

 

Je serai là, dans vos coeurs, vos têtes et vos cellules.

Je serai là dans un sourire, un baiser, un porte-plume.

Une toute petite place, laissez-moi, comme un rire de printemps.

 

Mon coeur est déjà dans les votres, confiant et apaisé,

Juste celui qui savait rire et enchanter,

Celui qui savait s'émerveiller.

 

Emerveillez-vous encore!

Ne perdez jamais confiance en la vie, l'espoir, l'amitié et l'amour.

Ne perdez jamais confiance en vos talents.

Je n'ai jamais été un exemple,

Mais l'étincelle est toujours restée là, même fluette.

Mon seul regret, celui de bien des mères et des épouses sans doute,

N'avoir pas réussi à faire mieux, à donner plus.

 

Retrouvez-vite vos rires et vos envies.

Si je devenais une petite étoile bleue,

Je n'en brillerai que plus.

 

Je vous entends chanter:

"C'est une maison bleue"

 

 

 

Sereine mais épuisée. Comment est-ce que je fais pour m'épuiser ainsi? J'ai le dos qui se coince, au niveau des reins et de l'omoplate. ça promet!

 

Les autres patients sont silencieux. j'en entend un ronfler légèrement. Quelle heure peut-il bien être? Je n'ai ni montre ni réveil. Je n'ai pas demandé la télé. Après l'opération peut-être.

 

 

J'aimerais dormir mais tous mes sens me paraissent plus aiguisés que d'habitude. Je sens le poids de mon corps et ce corps qui se coince au lieu de s'enfoncer dans le lit et dans le sommeil. Je vais écrire, écrire sur les chiffres, tiens, un poéme de un à dix, un poème par chiffre.

 

 

 

UN

 

Un petit tas, petit ton

Par toutatis

Partout pâti

Parti pas tout

Parti à Tombouctou

Un p'tit bout'chou

Un tout p'tit ton

Un thon volant?

ça existe?

On s'en fout!

Un petit ton titan retentit

Un peu, dis donc!

Dis tant!

Un petit ton de tam-tam,

Celui des messages d'antan, entiers,

Un petit ton comme au temps des indiens,

La teinte du feu,

Un petit ton m'emporte

Faut qu' ça s'corse!

Ecrire en morse.

J'ai pas mis mon as.

Tu connais?

Epaminondas

Aux pires mais d'as.

UN!

Même les chiffres sont masculins

Mais les mathématiques féminines

UN

Trop de choses oubliées,

Des huns et des autres, qui sait!

Un vieux truc d'avant les religions peut-être ou à inventer.

Nous ne sommes qu' UN

Savoirs et ignorances additionnés.

Qui a écrit?

"Nous sommes tous des additionnés"

UN POUR TOUS

TOUS POUR UN

UN

 

 

 

 

DEUX

 

Deux et deux laides

Des lits ou élident

Deux au delà-d'elles

Adèle lit

Adèle a une attelle

Un temps d'amour têtu

A- t' elle Adela

Dans l'au-delà

Une eau, une aide

Une eau d'élite

Ou lien

Bien

De l'eau bénite

ça n'a pas de sens

Pas de goût

Bagout

Et goutte à goutte,

Pas encore, demain. 

 

 

 

TROIS

 

Trois ares commencés

Trois petits tours et puis revient

Et le Darfour, on y revient

Trois petits fours en puit vauriens

Tout mon amour en nuit vaut lien

 

 

 

L'ennui ne me vaut rien

L'an me nuit

Lente ma nuit j'ai l'âme qui luit

 

 

 

Merde! je dois aller faire pipi.

ça n'était pas prévu

Qu'ai- je fait de mon 3?

 

 

 

Derme! De joie l'allée paire fifi

Riri Fifi Loulou

Faut bien rattraper le coup!

Mon 3 ne vaut pas un clou

Ni même la brillantine

 

 

 

Je pisse et quoi!

Ah! oui, 3

3 tours de passe et repasse

Les 3 coups de théâtre

Si je m'en sors, j'irai

La guerre des Trois aura- t'elle lieu?

LIEUX

 

 

 

N'y pensons-plus

Ma terre décroît

La der des Trois

N'y pensons-plus

 

 

 

3

La trinité

Ses latrines

Au nom du père, du fils et du saint-esprit

Mais la mère, la fille, les seins compris?

 

 

 

Les 3 monothéistes

1X3 ça fait toujours 3

 

 

 

Pas de pitié pour la trinité

 

 

 

3 petits lourds si ça vous tient!

Les 3 petits cochons s'inquiètent

Pour une louve qui ne les effraie point.

Boucle d'Or et ses trois ours.

Je connais tous mes classiques.

 

 

 

Ou sont les femmes enfin?

Les 3 grâces

Tout-de-même

 

 

 

Les 3 mousses, qui taire?

J'ai envie d'une mousse.

Je dirai 3

3 mousses s'en vont en guerre.

Mais non, c'est Malbrought.

Quel con!

A-t'il eu le choix?

Les femmes ne s'en vont pas en guerre.

 

 

 

Protéger la semence

Celle du père, du fils et du saint esprit

 

 

 

C'est nul ", je vous l'avais bien dit!

 

 

 

Comment casser 3 pattes à un canard?

Comment bien s'entendre à 3?

Je regrette la fête des fous de Troyes.

Cette Troie étrangère, hors-département.

Si les frontières fictives sont monstrueuses et limitatives!

 

 

 

Les 3 grâces sont mes soeurs et moi au jeu du memory parfois.

J'ai 3 voix en moi au crépuscule bien avancé.

Les vôtres comptent peut-être les étoiles du ciel.

Et moi, et moi, et moi

Ce soir, elles sont toutes voilées

Celle du berger a perdu sa voix et sa voie

Le berger était bien mieux en Savoie

 

 

 

3 cafés. j'ai bu 3 cafés

Jamais 2 sans 3 et un de trop

2 ça va et 3

ça dépend!

Je ne suis pas superstitieuse

 

Un somme me nie

3, 3, 3

Trois m'emmerdent 3 fois

Passons à 4!

 

 

4.

 

Quatre

Quatreu leu leu

Quatre heures après-demain peut-être

Quatre auras près de mes mains

Puissance de l'amour

Quator Quatrain

4 trains qui se dépassent

Leur train-avant

4 saisons qui se déphasent

Tant qu'on avance

Quoi! Drille allège

Bois! Brille abrège

C'est dur ce soir, les mots, même aligner le 4

 

 

 

 

5.

 

5 frères et soeurs

Le club des 5

5 petits doigts m'ont dit

 

 

 

Mes seins Qui tombent un peu plus

Mais Sein Qui bombe un lieu

5 qui songe à Saintonge

Mon dessein qui songe

Ou est mon S

Mon 5 a le dos arrondi

Mais la fesse rebondie

Mon 5 est un serpent méfiant et inoffensif

 

 

 

Mon esprit sein Qui ne croit plus

Mon écrit sain Qui respire un peu trop fort 

5 et toiles  de vie dans ma nuit

Des toiles comme s'il en pleuvait

Même l'une de mes soeurs s'est mise à la peinture

Pour elle et sans leçons

 

 

 

Des toiles d'amour aussi

Celles des villes

Ocelles de lavis

 

 

 

Et mon S

Mon S ou mon 5, je ne sais plus

Mon sein Qui bat

Sain Q

 

 

 

Misèèèère!

Je délire sans cachets

Je n'en prends jamais

On ne m'en a pas proposé

Tant mieux!

Mon 5 m'est plus précieux

Et plus facile à conter

 

 

 

Réminiscence

Nous sommes tous des additionnés

 

 

6.

 

Nos six compagnons

Taie- six- cons- pagne- ON

ON n'est pas loi!

Qui nous a mis des pagnes

Pour cacher nos nudités?

Pas de pagnes aux cons, de la poigne, du pognon

 

 

 

COMPAGNES

CAMPAGNES

COMPAGNONS

 

 

 

J'ai sommeil

Et déjà perdu mon six à l'aube d'une chanson

 

 

 

6

je veux un 6 géant

Et m'enrouler dedans

M'en faire une balancelle, un nid douillet

Une nuit éternelle

 

 

 

Je fais l'enfant, le foetus

6 est un foetus

L'oeuf dans le nid

Le germe endormi

Celui qui veut s'éveiller

 

 

 

Légèrement- dors- mie

 

 

 

Mon six haut

Mon saut six son

Six est un son charmant et glouton

Un son saut au somme

Six s'éteint, bon.

 

 

 

7

Sept!

Quel symbole(s)!

Quel saint! Ras le bol! 

Je les connais et ferai l'ascète

Mais Sept quand même

Le jeu des 7 familles

Ma famille de 7

 

M'affame- Ville de Sète

C'est-à-dire, je ne sept plus rien

je sais terre- Irlande- haie

C'est de pire empire 7!

J'aimerais cette terre d'Irlande dans mes rêves

Cette bonne taire dire landes

 

Je cherche et m'amuse

Cette drôle qui croit qu'elle peut mourir

Autant jouer

je croyais écrire cette oeuvre de 7

Un sept d'oeuvre au moins sans s

 

J'oeuvre j'ouvre

Je n'ouvre rien je m'ouvre moi

Le 7 du clavier a perdu son nombril

 

Jeux mais puise

Peut-être m'ouvriront-ils plus

ça dépend si mes kystes capitalistes peuvent sortir par le petit bout de la lorgnette

 

Vu la période actuelle , je redoute le pire

Le G7, ça existe?

je connais la nationale 7

 

Je n'avais pas demandé de percing au nombril

Je me suis lavée entièrement à la bétadine aux ors

J'aime suie levée errement à la bête à dinosaures

Je ne brille même pas 

 

 

Iarf!

 

Jeu feu raie biens d'allée Meuh! cou chez mains tenant

 

Jeux

Médée

D'or

Mire

 

Jeux V Médée Amant d'or mirent mes jeux d'or

 

Si! si! jeux dors enfin.

 

Je brille à la demi-lune

 

Ne me fixez-pas comme ça! Je veux rester fluide et mouvante, vivante

 

La mort-fée ne vient pas. Quelle garce!

J'en ai perdu mon sept!

J'égare tout 7 nuits

Cette nuit en vaut bien 7

ça lui apprendra!

7 ans sans dormir

 

Mais mes nuits savent être aussi telles que vos jours

Si c'est ma dernière nuit, que je me pende à l'aube de son cou, comme un collier de cristal et que j'assiste à sa naissance, à son éternité et à sa métamorphose. De ses ténèbres, surgira sa lumière.

 

 

8

 

C'est un oiseau

C'est un oiseau assis qui somnole sous ses ailes rabattues

Huit

Il faut le prononcer la bouche en cul de poule

Huit huit

Cui cui

Avec le H en plus

Avec le T en plus

Le 8 inspire

Le 8 me chante

Même fermé, il me sourit

Renversez-le, il reste le même

Allongé. Ah! allongé, c'est un s qui fusionne avec son contraire identique

Avec son semblable différent

C'est un petit bonhomme de neige qui fond au printemps

Une paire de lunettes

Une arabesque accomplie

 

Si vous le tracez trop vite, il devient un D mais un D en boucles

Le D de désirs, désordres, drôle, doriphore

Celui de d'ac! ben, on peut tricher!

 

ça ne peut être qu'un 8 qui se relève après une longue maladie.

Pas une résurrection non, une guérison.

 

HUIT!

je te vois le prononcer, les lèvres en avant.

Huit! huit! huit!

Tous ces oiseaux qui s'accordent

ça ferait une jolie chanson.

Ecrivez-moi la ballade du 8

L'air 8, ça s'appellera

La ballade de l'air 8

Pour l'an 2008, il va falloir se dépêcher!

 

 

9.

 

6 heures du matin.

je suis allée trop vite.

J'en suis déjà à 9.

9,7 de tension.

Pas dormi.

Somme no lance

On se réveille avec 9,7 de tension?

 

 

 

S'ils n'arrivent pas à me réveiller, je serai la seule à ne pas le savoir. J'ai cette certitude qui ne m'effraie pas. J'ai peur pour les miens. Et mon roman perdu.

 

 

 

Je me suis relavé le corps à la bétadine, le corps entier, ce corps déjà allégé qui ne m'appartient plus, et pourtant, si handicapant déjà. Je le sens à peine et avec grande peine. C'est un corps neuf et abîmé. On va bientôt venir me chercher. J'ai toujours un lumbago et l' épaule gauche douloureuse. Je suis pâle et j'ai la sensation d'avoir perdu tous mes muscles cette nuit. J'avais déjà perdu 2 kilos . Je palpe mon visage et ne le reconnais plus. Vous êtes-vous déjà palpé quand vous êtes épuisés? Cette impression d'avoir diminué de volume, d'avoir rétréci. Mon ventre est la tête du 9. Un culbuto qui basculera bientôt dans le néant, dans ce qu'il ignore. 

 

 

 

 

Mon antre est le ventre du 9, alors, si je ne me réveillais pas, je vous espère, non pas, amour, gloire et beauté, mais amour, tendresse et solidarité, et un monde différent pour ceux à grandir, même avec le net. Le net, invention à la fois formidable et épouvantable. Il faudra apprendre à maîtriser le net, à se maîtriser sur le net, à ne pas s'y mépriser ni s'y méprendre.

 

 

 

Mais le 9? Rien n'est neuf vraiment malgré toute cette technique. C'est le regard peut-être qui doit changer, réapprendre à voir et à sentir, à espérer et à grandir. Comme un oeuf à couver, un oeuf à peindre, des oeufs aux yeux neufs pour l'éclosion d'un nouveau monde.

 

 

 

C'est l'esprit qui doit devenir neuf,

Neuf, nouveau, en termes d'avenir.

 

 

 

C'est le corps même qui doit redevenir neuf, un neuf aimé quelque soient ses imperfections.

 

 

 

Le 6 doit se redresser pour former le 9. On a toute sa vie pour ça. Et il n'est jamais trop tard, non, pour embrasser l'univers avec des lèvres neuves.

 

 

 

9

Ma sérénité est 9

Elle est masculine ce soir

Parce que reliée au masculin.

Je n'ai plus de corps mais des yeux neufs et rajeunis, une mémoire neuve et rafraichie.

 

 

 

 

9

C'est l'oeuf à sa plénitude

C'est 6 qui se tient debout

C'est la vie qui se tient par le cou

C'est l'avenir à tous les coups

 

 

 

 

9

Comme un cadeau sans emballage

Un or ris peau et un voyage

C'est le j du je qui s'est agrandi du regard des autres

Et sa vision s'en est élargie

 

 

 

9

C'est le chiffre qui grimpe à la réussite de son existence

C'est le g de la grâce avant l'achèvement

9, c'est presque 10

C'est encore du travail

C'est tout l'intérêt du 9

 

 

 

9

C'est un homme assis qui médite

Une femme qui trempe ses pieds à la source

Un enfant qui résiste

Un voeu franc qui insiste

 

 

 

9 attend son 6 pour s'emboîter

9+6=69=8

9 c'est l'oiseau en communion

C'est l'Homme du temps allongé

 

 

 

C'est la dernière porte avant la vraie sagesse peut-être

Celle qu'on laisse fermée pour enrichir les derniers pas

 

 

 

9

C'est compliqué et difficile

Comme un cercle inachevé

 

 

 

 

10

 

10 ne m'intéresse pas

Je n'ai jamais rien voulu gagné

10 petits nègres se sont fait tués et beaucoup plus

10 petits indiens et beaucoup plus

10 petits éthiopiens et beaucoup plus

10 petits biaffrais et beaucoup plus

10 petits tchèques et beaucoup plus

10 petits polonais et beaucoup plus 

10 petits juifs et beaucoup plus

10 petits allemands et beaucoup plus

10 petis italiens et beaucoup plus

10 petits français et beaucoup plus

10 petits anglais et beaucoup plus

10 petits américains et beaucoup plus

10 petits japonais et beaucoup plus

10 petits algériens et beaucoup plus

10 petits vietnamiens et beaucoup plus

10 petits arméniens et beaucoup plus

10 petis rwandais et beaucoup plus

10 petits somaliens et beraucoup plus

10 petits congolais et beaucoup plus

10 petits irakiens et beaucoup plus

10 petits afghans et beaucoup plus

Et qu'importe l'ordre historique

DESORDRES, vous voulez dire

Et sur des ordres de qui?

Et qui obéit?

Et qui est obligé d'obéir?

Et tous ceux que j'oublie

Et tous ceux qui subissent

Et ça n'est pas fini

Les guerres économiques et climatiques ne font-elles que commencer?

 

Les dix commandements

 

Si Dieu est mort, l'homme redevient responsable et puis c'est tout

 

 

 

-On y va, madame.

 

Un homme petit, trapu et barbu vient nous chercher, mon lit et moi, et tente de me faire rire. C'est tout à son honneur mais le trajet bref jusqu'au bloc ne nous donnera pas l'occasion de faire connaissance ni plus ample causette. Il y a des boulots ingrats. Tous ces individus qu'il accompagne et voit à peine et qu'il s'éfforce pourtant de faire rire et de rassurer.

 

 

La salle d'attente et de réveil est ronde et les quelques patients alités disposés en étoile. J'aurais du prendre un oreiller. Plus la force ni l'envie de me lever, de m'asseoir. Je relève la tête pourtant et aperçois des hommes et femmes vêtus de blouses vertes qui s'affairent, conversent, entrent et sortent, vont d'un patient à l'autre.  Je songe à une ruche, une fourmillière plutôt. Chaque ouvrier sait quelle est sa tâche et s'y emploie. Je perçois une effervescence appliquée et consciencieuse.

 

 

Le chirurgien m'a dit:

Alors, on ligature? je lui ai simplement répondu. Bien sûr! Mais je veux être informée quand aux séquelles éventuelles. Vous n'êtes pas prête! m'a t'il répondu. On ne ligature pas. De toute façon, le délai n'est pas respecté puisqu'on a avancé l'opération. Si vous doutez, on ne peut pas faire. Trop de femmes qui regrettent, qui se plaignent.

 

Je ne doute pas. je ne me plains pas et je sais calculer. Je veux juste savoir comment ça se passe et les éventuels inconvénients. A 46 ans, je ne suis pas assez stupide pour avoir envie d'un troisième enfant.

 

Vous doutez! On ne fait pas.

 

Quel con!

 

Une infirmière m'a dit: c'est rien à faire pour un homme, mais les hommes ont peur et sont douillets. J'ai demandé au chirurgien ou en étaient les recherches sur la contraception masculine. Il m'a répondu, vous savez, les chercheurs sont en majorité des hommes. Ils préfèrent faire des recherches sur les femmes. Et puis, c'est compliqué chez les hommes. Bien sûr, puisque les chercheurs se sont toujours penchés sur les femmes, j'ai pensé.

 

Toutes ces femmes répudiées, qui ne pouvaient soit-disant pas enfanter...

 

Les pesticides nous rendent de plus-en-plus stériles, ai-je lu dernièrement.

 

Une femme est ramenée du bloc et vient d'être réveillée sur ma gauche. J'essaie de la voir, mais mes yeux croisent les siens alors que les infirmières relèvent son drap et que j'entrevois ses hanches. Cette impression de voler son intimité. Je ne regarde plus.

 

Trois hommes attendent, comme moi, en face de moi et un autre est placé juste à ma droite. J'entends son souffle un peu fort et je n'ai pu voir que son bras gauche, son cou un peu ridé, l'une de ses oreilles et un peu de ses cheveux. Si j'allongeais le bras, je pourrai le frôler. J'aurais aimé le regarder et lui sourire. Ah! vous aussi. Ce n'est rien, vous savez. Enfin, c'est ce que nous espérons tous. Les progrès de la médecine, vous savez bien. Le professionnalisme du personnel ici. Les médecins tiennent à leurs patients. Rien à voir avec une guerre. Notre propre petite guerre seulement, surmonter nos craintes et nos douleurs. Bon courage alors! Il m'aurait dit lui aussi avec un petit sourire charmant et inquiet et ça m'aurait fait plaisir.

 

ça y est. On m'amène au bloc. Des jeunes filles qui me sourient. Sacré métier! j'admire tout ce qu'il faut supporter, tous ces corps bléssés, ces chairs lésées, ce sang, nos entrailles, nos tumeurs et nos humeurs. Et la foi.

 

ça va très vite. C'est allé très vite, oui. Pour éviter les paniques sûrement, la peur qui augmente. Je n'ai pas peur, sauf ce réveil.

 

L'anesthésiste est grand, maigre, pâle et sympathique. Nous avons parlé d'alcoolisme et de chablis à l'entretien, et des hospices de beaune.

Alcoolique, votre père, mais alcoolique comment?

Au café le matin, pas comme ceux qui commencent au blanc, mais au rouge à dix heures, puis au rouge, au blanc, à la bière, à la goutte chez les clients et la conduite à gauche après l'ascension de la dernière toiture.

 

Papa, tu conduis à gauche.

 

Toi, tu ne m'as jamais cafté. Combien de minutes à m'attendre dans la voiture tandis que je buvais, entre deux cheminées.

 

 

 

DRIIIING! merde! la sonnette! je n'aime pas être dérangée quand j'écris ou quand je tape.

Une témointe de jéhovah. Seule, c'est rare! L'air hébêtée. On les reconnait tout de suite avec leur petite revue du bonheur coloré.

 

Désolée! ça ne m'interesse pas!

 

"Mais vous avez la foi?"

 

"J'ai tout fait pour la perdre et j'en suis fort aise maintenant, mais chacun croit en ce qu'il veut. "

 

"Oui" me répond-elle avec son air encore plus hébêtée et tristounet tout en tournant les talons. Paumée! je lui ai reconnu cet air des paumés. Ceux qu'on a envie de prendre dans ses bras et à qui on chanterait:

T'en fais pas! ça ira mieux demain. Quel âge? Au moins 35 ans. Une enfant qui ne grandira plus.

 

Ou en étais-je? C'est allée plus vite que ça, bien plus vite.

 

- Alors, vous êtes prête? Ne vous tracasssez-pas, on va bien vous surveiller.

 

- Si je ne me réveille pas, je serai la seule à ne pas le savoir.

 

ça a du leur faire peur, pas à moi.

 

- Combien de temps devrait durer l'opération?

 

- Une demi-heure si tout se déroule comme prévu, une heure et demi s'il y avait des complications

 

Ils n'aiment pas trop les questions

 

 

Tout de suite, la perfusion. Aïe! Comme une griffure prolongée, celle-ci. Pour mes 3 derniers mois de grossesse alitée, ils ne savaient plus où piquer. Nul pathos dans tout ça. Ne voyez pas de pathos là où je ne cherche pas à en mettre.

Tout de suite le masque. Souvenir d'une seconde. Opération des amydalles. 8 ans. le masque noir pendant les blagues grivoises du chirurgien, un alcoolique. Tout le monde le savait. Un alcoolique a -t'il le droit d'opérer un enfant et pourquoi?  Deux autres de mes frères et soeurs se font opérer le même jour par le même médecin.

Est-ce toujours un médecin alcoolique qui s'occupe des enfants d'alcoolique? 

  

Respirez par la bouche, pas seulement par le nez.

 

Un masque transparent. 3 fois par le nez, 2 ou 3 fois par la bouche. J'ai sombré. 

 

 

 

 

Tag(s) : #Textes en prose
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