Je l'ai appris d'un homme,
Que les femmes sont belles,
Qu'elles sont à aimer,
Que leurs âmes "s'ombrellent"
Sous le son du pommier.
Je l'ai appris d'une femme,
Que les hommes fredonnent
Quand on veut les aimer,
Et que leur coeur frissonne
Sur nos peaux de papier.
Je l'ai appris du chêne,
Que la vie n'est pas vaine,
Que mon coeur n'est pas marbre,
Que le tien peut être arbre
Si je hache ma peine.
Je l'ai appris d'une fleur,
Que nos vies sont éphémères,
Qu'il faut grandir à toute peur,
Parfumer tous nos amers
Et recueillir leurs lueurs.
Je l'ai appris du vent,
Qu'il peut mourir d'un souffle,
Que l'amour sait souffrir,
Qu'il peut renaître d'un gouffre,
Sans atours s'épanouir.
Je l'ai appris d'un faux Dieu
Que je n'étais point impure,
Que nos âmes sont grandes
A refuser les parjures,
A défendre nos landes.
Je l'ai appris d'un enfant
Que l'espoir peut renaître,
Qu'il s'est aigri d'un instant,
D'un coupoir de vains maîtres,
Qu'il s'est épris d'un instant,
D'un mémoire à fenêtres.
Je l'ai appris des enfants
Que les étoiles survivent,
Que les frontières n'existent
Que chez les pâles esquives,
Que nos prières se hissent
Aux fringales qui vivent.
Je l'ai appris de mon père
Qu'il est vain de se détruire.
je l'ai appris de ma mère
Qu'il est temps de se construire.
je l'ai appris de la mer,
De son chant, de ses soupirs.
je l'ai appris de la terre,
De son sang, de ses mourir.
Je l'ai appris de l'amour,
D'une amorce et sans retours,
De sa force et sans atours,
L'amour,
Seulement,
Essentiellement,
Vite!
Maintenant!
L'âme mourre,
L'amour de l'autre,
Celui du monde,
De la terre et de l'air,
De nos chairs et nos sangs.
L'amour de toute vie,
L'amour des sens,
L'amour décent,
L'amour décent des sens,
L'amour ascendant,
A sang dans nos êtres,
L'amour!
Et ta soeur!
Ma soeur, elle meurt.
Elle meurt de plus d'amour,
Elle meurt de sans amour,
Elle meurt de pas d'amour,
Elle meurt de pas d'âme,
Elle meurt, peau d'âme,
Elle meurt, peau d'âne.
Ô mon amour qui mourre!