Je me suis déshabillée l'esprit
Et suis tombée nue dans le ruisseau,
Étincelante de désappris,
Coquillages incrustés dans ma peau.
J'ai même embrassé le crapaud.
J'ai ri avec la grenouille rousse,
je me suis endormie sur la mousse.
J'ai bavé histoires de princesse,
Les malheurs de Sophie, la Comtesse.
J'ai même embrassé le crapaud.
J'ai joué à saute- molinie
Et cédé à toutes mes manies.
J'ai peigné le carex et les sphaignes,
De ma liberté, chanté le règne.
J'ai même embrassé le crapaud.
J'ai coursé le lézard vivipare
Et j'ai couru après mon retard,
Réinventant mon adolescence,
N'en gardant que les subtiles essences.
J'ai même embrassé le crapaud.
J'ai suivi deux couleuvres à collier.
j'ai écouté le chant clair du vent
Et j'ai su alors que j'étais liée
A ses désirs, à ses tourments.
Et le vent m'a dévoilée.
Je suis née poisson dans une bulle,
M'asphyxiant, respirant de travers,
je suis une femme libellule
Accomplissant sa mue à l'envers.
Et le vent m'a dévoilée.
De la lune, je me suis arrachée
Pour que la terre à nouveau m'enfante.
Nul ne touche à mes rêves ou méchante,
je me déroule en louve lâchée.
Et le vent m'a dévoilée.
je veux voir avec l'oeil du rapace
et sentir le plaisir qui m'imprègne.
C'est un désir qui donne et qui saigne
Pour l'homme seigneur qui m'enlace.
Et le vent m'a dévoilée.
J'ai tant aimé le vent,
Je m'y suis brisée les ailes,
Mais tout comme l'hirondelle,
Je voyage et vole au vent.