Le rêve vagabond.
Je rêve, vagabonde…ondes musicales, d’un monde non patriarcale, puisque les femmes y sont bancales, bacchanales, vestales ou bien vénales.
Je rêve d’un monde, vagabonde…ondes féminines, où les femmes soient aussi verticales, en diagonales, croisées et égales, pas gaulées ni voilées, pas violées ni ravalées, pas empêchées ni repêchées, mais libérées.
Je rêve d’un monde, vagabonde…ondes masculines, où les hommes ne soient pas émasculés ou sur mâles aux nuées, pas aux mots usés, métamorphosés, un monde métamorphique, isométrique, d’îlots métriques et d’ils et d’ailes métissés, métissage et météores, météo d’or, un monde d’orpailleurs de l’âme et de l’univers.
Météores, mets tes ors au logis de ton âme et mets dehors la mort lente, celle de la résignation, de la soumission, de la norme, de la normalité, de la vengeance, de l’agressivité ou de l’indifférence.
Résignation ! Enduis-toi d’une résine- action !
Action ! Action ! Fais-toi ton cinéma ! Passion ! Passion !
Je rêve, vagabonde…devant un écran de cinéma, un tableau de Boudin, de Chagall ou de Dali, devant le violon d’Ingres, devant le dos- violon blanc et charnu de Kiki, Kiki de Montparnasse, la modèle, la régulière ou la catin des artistes, fillette de Côte d’Or, fillette à poux et fille du ruisseau, femme libre et adulée, puis avilie et oubliée, enterrée au cimetière de Thiais.
Je rêve, vagabonde…devant une église romane, une abbaye cistercienne ou une loge de bergers, devant la muse de Corot, si lisse, si cambrée, si offerte et si puissante, devant la ville d’Est aux clochers, coupelles et coupoles.
Je rêve devant la beauté des Peuls ou des Bushmen, devant le silence hurlant des pôles ou celui des déserts. Je crie de silence dans le silence hurlant d’Oradour, dans les silences d’Arménie, d’Algérie, du Rwanda, d’Afghanistan, de Palestine ou d’Israël…
Je rêve, vagabonde… devant les espoirs, les volontés et les arts qui dénoncent.
Je crève, vague abonde…devant un écran d’êtres informes à tics.
Tic, tic, tic, fait la souris qui grignote le temps, qui tempête à vide, qui fait communiquer des êtres sans corps et parfois sans âmes. Communication illusoire ? Miroir de nos peurs, de nos fantasmes et de nos impuissances ?
Le vie est ailleurs, sur un vrai réseau de routes, de prairies ou de déserts, sur un vrai maillage émaillé d’amitiés, un réseau de vies en corps, de corps en vie, de corps à corps et de vis-à-vis.
Je veux surfer dans les creux des vagues de Debussy ou naviguer sur la vraie Loire sauvage, d’îles en îles, d’heureux pêcheurs en oiseaux. Je veux toucher la peau d’un vrai livre, caresser et humer son cuir vieilli. Je veux reprendre une vraie plume pour tracer des signes, des dessins, des mots et des maux, des gribouillages ou des ratures sur de vraies feuilles de papier que je transformerai en avion planeur ou en avion à réaction.
Internes nets ou internés, l’asile le plus vaste et le plus réducteur.
Internés trop tôt les jeunes internautes qui ne savent plus le goût de la neige, les feuilles qui bruissent sous les pas, les faines grillées sous la langue, le cèpe dodu et odorant couvert de politesse, qui ne savent plus distinguer le charme de l’hêtre ou le charme de l’être laid, le charme disparu aux dépends de beautés parfaites et clonées.
Ou sont les clones ? Ou sont les clowns ? ou sont les magiciens ? Ou sont les conteurs ? Ou sont les rêves et les rires ?
Internautes angoissés, désabusés, paranoïaques, schizophrènes, alcooliques, drogués, dépendants, accros,
Pris entre chômage, sida, désinformation, pessimisme, capitalisme, parents pauvres et égarés, riches et méprisants ou le contraire, poisons, cataclysmes, moustiques, grippés à vie, à vie airs…
Accros ! Accros !
Mais qu’est-ce que je fais depuis 3 heures devant Lucifer !
Lucifer ! mon ordinateur, mon vampire, mon amant virtuel, mon anémie, ma maladie…
Lucifer ! ce soir, je te hais !
Tu n’auras pas mon âme ou bien alors, à petites doses.
Il me prend parfois l’envie de te saisir à bras-le corps, de t’envoyer au travers de la fenêtre et de regarder t’écraser avec un rire démentiel !