C'était il y aura bien longtemps
Se tait jusqu'au printemps
De grands êtres tout blancs
Chevauchant des hyènes aux gueules écumeuses transperçaient parfois l'espace
C'était avant c'était après
Qu'importe !
Aux temps où les portes avaient laissé place à des murs gigantesques
Les terres avaient gelées ou s'étaient noyées
Les voix s'étaient tues les animaux enfuis
Des arbres presque morts courbaient leurs fronts plissés vers des eaux rougeâtres et bouillonnantes
Le ciel et l'air étaient bardés de longues chevelures de cendres ou formaient de larges mains griffues comme en suspens
L'air était rare et les bruits étouffés
On aurait pu croire que toute vie avait disparu
C'était il y aura bien longtemps
C'était avant et après
Qu'importe !
C'était dans vos cellules et dans celles de nos cerveaux
En ces temps si proches et si lointains
C'était hier aujourd'hui et demain
Quand la poésie se déclame entre des caveaux ou des corps encore tout chauds
C'était peut-être là
Juste un cauchemar
Des visions d'épouvante que nous n'avons pas vécue
Quand il pleut des corps des larmes et des couteaux
C'est peut-être là que nous avons besoin de tous les chants
Même de ceux des corbeaux