J'ai eu très mal
Et je me suis dit
Personne n'y pourra rien
Personne ne me fera plus rien
Jamais
J'ai longé une route au hasard
Il pleuvait
C'est drôle
Il a toujours plus dans ces moments-là
Déjà que je me croyais monstrueuse
Alors, avec mes cheveux filasses et trempés
Et mon gros nez qui dépassait au milieu de ma figure
Avec mes yeux rouges et ravagés
Je me suis dit qu'il fallait disparaître
J'ai marché au milieu de la route
Je me fichais de tout
Des voitures m'ont klaxonnée, évitée
Des gens m'ont insultée
J'ai pensé qu'il y avait des gens dans les voitures
Et que je risquais de les tuer
Alors, j'ai escaladé une clôture et traversé un champ en jachère
Je me suis dit qu'il me ressemblait
Pauvre, inculte, tout gris et mort
Je me suis dit que plus rien ne serait jamais comme avant
Je croyais que je ne rirais jamais plus
J'ai pénétré dans la forêt
Je marchais au hasard
Ma robe me collait à la peau
je l'ai déchirée dans les ronces
J' avais froid
Chaque craquement de branche me terrifiait
J'aurais aimé pleurer mais je n'y arrivais pas
Je me suis assise sur une souche et j'ai prié
J'ai prié pour mourir
Je suis restée là des heures
En ne pensant à rien
Je crois bien que Dieu m'avait exaucée
Et puis j'ai entendu un brame
Tout près
Et j'ai entrevu la forme superbe d'un cerf
Enorme et comme irréelle
Plus tard
J'ai distingué un martellement qui s'approchait de moi
Celui des pattes d'un lièvre qui court
La nuit, ça fait un vacarme saisissant
Il m'a déboulé dessus
S'est arrêté net
Et a viré dans les buissons derrière moi
ça m'a fait rire
Après, j'ai senti les rayons du soleil
J'ai pensé
Si c'est chaud!
Il va faire beau aujourd'hui
J'ai levé la tête et vu un écureuil
Celui-là, c'est une impro après avoir lu un texte d'un poète que je ne connais pas. C'est étrange, ce à quoi nous mènent les textes d'autrui parfois. Ce n'est pas gai mais ce n'est pas complètement triste, c'est la vie qui reprend et continue.