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Dormir encore

 

Que me racontent tous ces gens

 

Ils me surveillent, veillent, veillent

 

Seraient-ils heureux de me voir vivante, vente, vente

 

Laissez-moi dormir encore un peu

 

Quel est ce corps que je ne possède plus, qui me possède de ses douleurs, leurre, leurre

 

Le plus gros kyste a laminé un ovaire, verre, verre nous avons fait l'un des trous plus gros ça fera comme une cicatrice d'appendicite, cite, cite avec un seul ovaire vous ne serez pas ménopausée, posée, posée

 

Je me fous de ma ménopause, pause, pause

 

Mais est-ce cancéreux, céreux, céreux

 

Est-ce de l'indécence, décence, décence

 

Ecrire son corps, ses maladies, ses misères, ères, ères

 

Est-ce de l'indécence, sens, sens

 

Ecrire sur la mort, ses kystes, son ventre, antre, antre

 

Est-ce que ça sert à quelqu'un, quelque chose, ose, ose

 

Dois-je faire le deuil de quelque chose, chose, chose

 

J'ai l'épaule démise, mise, mise

 

J'ai les reins qui me grignotent, note, note

 

 

C'est normal l'air et les gazs qui s'échappent, happent, happent

L'air par le bas
 

 

Docteur, vous pouvez dire anus, nus, nus
 

 

Les gazs vont se concentrer dans le cou et les épaules, pôles, pôles


 

Suis-je indécente, descente, descente

 

 

 

  

 

 

 

Ne me faites pas rire! ça tire sur les agrafes et à l'intérieur

Trois infirmières viennent me faire la causette

La clinique est amenée à disparaître, enfin, il en est question.

Tout ce qui est tellement humain doit-il disparaître?


 

 

J'ai vu à la télé un reportage sur une handicapée, atteinte d'une maladie rare.

Elle est différente, attachante, résolue, volontaire, marrante, exubérante.

A 17 ans, elle est bossue, un corps en zig-zag, une figure pas banale et se promène comme un pantin désarticulé, non, à sa manière, régulière et ANORMALE, pas comme se mouvoient les autres, les pareils. Tout le monde la trouve géniale mais elle reste seule. Elle adore être filmée, rire, danser, chanter mais elle reste seule.

 

 

 

 

J'ai mal

je lis pour oublier

je descend de mon lit, aîe! je vais faire un tour, voir des gens, boire un café, faire le tour de la clinique si j'y arrive. Temps de merde et le mien pareil.

 

Hier soir, une mamie ou un papi, une personne à la voix rauque a crié longtemps:

 

"Vous me faites mal, laissez-moi, vous me faites mal!"
 

Quand la douleur devient intolérable.

 

Les repas, l'aube  et le crépuscule rythment mes journées. Je ne me soucie pas de l'heure. je somnole le jour, un peu, ne  dors pas la nuit. Trop d'inconfort et de douleurs malgré les cachets.

 

J'ai lu une revue de la FNATH. Il y a un article sur une africaine handicapée qui expose des photos d'handicapés, des corps informes, difformes. Elle a essuyé des refus. Il faudra que je retrouve les termes.

 

Elle montre que ces corps ont leur beauté aussi, un esthétisme certain, qu'ils possèdent des charmes, des secrets et des grâces. ils ont détourné les yeux. Cachez ces corps que nous ne reconnaissons pas.

 

Il faudrait fondre tous ces corps dans nos paysages, dans ceux de nos yeux et fusionner avec leurs âmes.

 

Nous sommes tous des corps malades et des corps malades en puissance.

 

 

Un homme me regarde. j'ai toujours du mal avec le regard des hommes. Souvent, je les fuis et ils prennent ça pour de la confusion, un trouble, celui du désir. ce n'est pas ça souvent, c'est autre chose.  Parfois, c'est, oui, tu es désirable mais je ne peux pas ou je ne veux pas, ou oui, j'aimerais te parler mais sans que tu te fourvois. Ils n'interprètent que mon trouble comme une envie, leur désir comme le mien propre la plupart du temps. Ils me suivent, s'arrangent pour me retrouver, puis me regardent avec rancune et disparaissent. 


 

 

La nuit. Le ciel toujours sans nuages aucun. J'ai fermé le store complètement. L'entrée de la chambre, rétrécie par l'espace toilette est tout sombre. Je pense à mon père, ce père dont j'ai cru sentir le souffle et la chaleur de sa paume dans la mienne peu après son décès. Je ne sens plus rien. J'ai fait mon deuil. Pourtant, j'ai peur soudain, et je repense à cet homme, toujours là quand je vais boire un café au distributeur, cet homme qui ne me veut aucun mal. Je pense aux pédophiles et aux violeurs.
 

 

Père, homme, violeur, bible, tortures.
 

 

A 12 ans, mon père m'a dit que nous allions partir tous les deux.

A 12 ans j'ai lu la Bible, pas entièrement.

A 12 ans, j'ai lu des SAS de mon père. Ces femmes à qui l'on faisait exploser les seins, ces femmes dans lesquelles on introduisait un rat vivant dans l'utérus.

A 12 ou 14, j'ai lu les expériences médicales effectuées sur les déportés.

 

 

je lisais tous les livres de la maison, tous, et il n'y avait pas grand-chose.

 

 

A l'adolescence, cette terreur, le viol!  Et mes errances qui m'y ont amenée. 

 

La peur des garçons, du désir, les miens réprimés, enfouis, cachés, honteux.

 

 

Je réfléchis. En sortir enfin. C'est peut-être ce qui m'a épuisée, ce combat contre des fantomes. Je me lève et vais ouvrir le store. J'entrouve la fenêtre. Respirer.

 

 

 

Il faudrait que je dorme comme une souche, comme une femme enceinte de tous ses vides. Les expulser d'un seul coup, la délivrance.
 

 

Un jour de plus. J'ai revu l'homme et n'ai pas eu peur. Je suis sortie. je marche très doucement. Je porte mon ventre et mon souffle.

Je n'ai plus rien à lire. J'ai trouvé un article sur Guillaume Depardieu. C'est le mot déchiré qui me vient à l'esprit. Déchirés pour les hommes et déchues pour les femmes.
 

 

 

J'ai écrit que Bouddha ne m'interessait pas. ce n'est pas tout-à-fait vrai. Le bouddhisme m'a interéssé pour ce qu'il a pu m'apprendre sur d'autres peuples qui vivent, croient et pensent différemment, pour ce que cela m'apporte sur leurs cultures et leur histoire.


 

Connaître les différences et s'en enrichir, s'en ouvrir aussi.


 

Ce sont les différences peut-être qui apprennent plus que les ressemblances.
 

 

Les hommes ont besoin de croire. C'est spécifiquement humain, cette nécessité de croire. Pourquoi faut-il que ce soit en des Dieux hypothétiques et malfaisants envers la femme? Je finis par penser que les religions n'ont été inventées et écrites que pour cela, dominer la femme. La peur de mourir, ah! oui, bien sûr! Le besoin d'être immortel puisque la mort n'est pas pensable. 

 

 

Ne me demandez pas quel jour nous sommes. Le temps ici est différent. Un temps qui prend son temps, s'étire, n'est pas préssé de prendre son envol, un temps qui se cajole, comme un espace oublié entre deux temps, un contre-temps, un temps tout contre moi.

 

 

Je vais sortir vendredi. Opérée mardi. C'est bientôt vendredi, bien tôt! Ce temps convalescent qui ne m'appartiendra plus. C'est trop facile de rester convalescent. C'est indécent. Je peux me reposer chez moi bien sûr. Mes voisins de couloir de la clinique, qu'en sais-je? Cancer peut-être, ces mots qui font peur. Beaucoup de cancers de la thyroïde dans la région, peut-être pas plus qu'ailleurs après tout. Me méfier de ce dont je ne suis pas sure. Ma belle-mère est partie en six mois. Ablation d'un rein. Elle ne l'a pas su d'abord ni son époux, ni nous. Selon une tante, les médecins espéraient que ce soit guéri. Quand c'est reparti, ils n'ont rien dit, parait-il, jugeant la malade et son mari pas assez forts pour savoir la vérité. Elle est morte et son époux n'a pas eu le temps de comprendre. Il a voulu vivre comme un vieux à partir de ce moment-là.  Il a fermé la salle-à-manger, a exigé la télé dans la cuisine et n'a plus guère bougé, sauf qu'il a du se mettre à laver son linge, faire les courses, se faire à manger, faire le ménage, ses enfants étant loin.

Quand nous sommes arrivés, il a trouvé normal de ne plus rien faire. Et puis le père Parkinson lui a mis le grappin dessus. Je ne juge plus les enfants de Simone de la même façon, Simone chez qui je travaille et qui perd la tête.  Il y a des moments ou nous ne supportons plus mon beau-père dépendant et nous n'allons pas le voir, alors que nous vivons à côté et qu'il a toute sa conscience. Nous culpabilisons, tous, mais nous avons nos vies à vivre aussi.. 


Il m'est arrivée d'être dure avec lui, avec mon époux et mes enfants aussi. Il faut parfois se blinder pour se préserver. C'est pour tout le monde pareil sans doute.

 

Je me suis endormie une heure ou deux après avoir regardé la télé que j'ai demandée pour les deux derniers jours.


J'ai regardé sous le soleil de satan et le second souffle. Depardieu, complètement habité par ce rôle. Il m'exaspère parfois. Je ne sais pas pourquoi. Ce côté "monstre sacré" du cinéma peut-être, ce corps qui semble pouvoir vous écraser .  Je n'ai rien envie de dire du film. Je ne sais pas faire une critique de film. J'éprouve, je souris, je ris, je pleure. Celui-là, c'est comme si je n'y croyais plus. Plus de compassion pour ce prêtre. Seulement pour Mouchette. 


Peu de films m'ont fait véritablement pleurer. Yole, Outrage, le tambour me semble-t'il, les âmes grises, la vie est belle. Je me suis acheté le DVD de la liste de Schindler et ne me suis pas décidée encore à le déballer. Je crois bien que je redoute mes larmes.

Le seul qui m'ait fait véritablement peur, l'exorciste alors que je croyais encore en Dieu. Etais-je possédée? Et ces films ou l'on traque des femmes pour les tuer. C'est devenu si banal. Je les évite maintenant.

A 12 ans encore, je voyais la tête de la fillette possédée de l'exorciste dans le hublot de la salle-de-bain, pour avoir lu un article sur le télérama et vu une photo. Et les images, et tout ce que peuvent voir actuellement les enfants et les adolescents sur le web ne les pertuberaient pas? j'ai du mal à y croire. Toute cette pornographie qui salit la femme, on n'en sort pas. Quels efforts pour retrouver les souteneurs des prostituées? Quelle complaisance de toute part, même de la part des femmes, et ce sentiment de fatalité.

Il ya toujours eu des putes
Tant qu'il y aura des clients, forcément.
Tant que les souteneurs ne seront pas pourchassés.
Tant que les hommes fantasmeront sur les prostituées.
Tant qu'ils penseront leur faire du bien, s'y oublier, les punir ou punir leurs femmes.


La prostitution choisie ne me choque pas mais je la crois rare.


Il y a ces moments ou nous n'avons plus envie de ça, pleurer, parfois simplement parce que nous n'avons plus de larmes mais ce n'est pas de l'insensibilité, non. J'aime bien Sandrine Bonnaire, je me suis reconnue dans les errances de son premier rôle, ce désespoir dont on ne savait rien. Elle-même le savait-elle? J'aurais pu mourir plusieurs fois. J'ai eu une certaine chance et l'instinct de survie sans doute. Comme si je ne pouvais lutter alors que confrontée à la mort. La seule façon pour moi de me sentir vivante peut-être à l'épôque.

Bien des films m'ont fait rire aussi. La liste en serait trop longue.

  

  

Le second souffle, divertissant, grand film, bons acteurs mais le genre qui ne me passionne pas beaucoup.

  

 Vendredi.
 

 Je prépare ma douche comme tous les matins et prépare mon sac de bonne heure. boire un café, faire plus d'un tour de la clinique. Chaque jour un peu plus. Un pas de plus, de ceux qui nous font avancer, remonter, grimper, découvrir, aimer.

 

Je vais faire ma ronde dans les couloirs, je dis au revoir, merci, bon courage. je remplis la feuille de satisfaction, je mets très bien ou bien partout et c'est vrai. Chaleur, communication, veille, sourires, compétences et sérieux.

cette clinique amenée à disparaître...

 

 

Tout est prêt. Hâte de partir soudain. J'allume la télé, je zappe. Je tourne en rond. Assez! Assez de l'hôpital, de la maladie, du silence du temps qui étend sa flemme. j'ai des fourmis dans les pieds, les jambes, les mains et tous ces gazs. Il me faut remuer pour qu'ils s'évadent au plus vite.

 

 

Nouveau café. J'espérais revoir l'homme, lui faire un sourire, lui dire au revoir, comme un regret de ne pas avoir su communiquer et le remord de m'être fourvoyée. Un pardon. Lui ne sait rien. Les autres ne lisent pas dans ma tête. Il y en a tant qui s'y essaient, qui s'imaginent que, qui m'interprètent, qui voudraient penser à ma place, m'y remettre. Quelle importance! je pense aux poètes. Je m'en fiche de ce qu'ils pensent de moi maintenant, de ce qu'ils attendaient ou n'attendaient pas.

 

 

J'ai écrit à l'un que je ne saurai jamais ce qui est bon dans ce que j'écrivais. Comment espérer publier quand on ne sait pas juger ses propres écrits, être objective. Je ne le suis pas et ne sais pas si je le deviendrai. Je ne sais pas si j'oserai proposer un texte un jour. Je n'y pense pas pour le moment. Seul l'acte d'écrire.

 

 

Pas de l'orgueil, non. Elle aimerait écrire un chef-d'oeuvre.

Non, chez moi, c'est plutôt, il y en a tant qui écrivent si bien et mieux, à quoi bon! Et il me faut sans cesse butter et lutter sur ce à quoi bon! A quoi bon vivre alors, aimer, souffrir, rire, progresser? 

 

 

 

Je vais voir ma nouvelle voisine, une vieille femme sourde et rondouillarde qui soupire et gémit. Elle me prend pour une infirmière. je m'assois pour lui faire la causette. Je dois parler fort et répéter trois fois. Elle me dit que sa fille est là, aux toilettes, mais il n'y a personne qui sort des toilettes. Il faut parler de ses douleurs. Nous en parlons, je lui en parle, et comment ça va et ça fait mal et il faut supporter et nous n'avons pas le choix et le temps est long à attendre on ne sait quoi...

 

 

 

Je lui fait mes adieux et lui souhaite bon courage de peur de louper l'ambulancière. la voilà justement qui passe et allait frapper à la porte de ce qui fut ma chambre. Elle est jeune, souriante et avenante. elle tient à porter mes sacs. Pas de bons de transport. j'avais pourtant prévenu. Nous allons ensemble en demander  un. Il fait moche mais nous rions. Elle me questionne et je la questionne à mon tour. Le trajet est bref et j'ai eu l'impression d'un échange court mais intense. Elle travaille de 10 à 12 heures par jour, un bébé et le père, l'âge de mon mari,  qui les a laissés, un gamin me dit-elle. Il y a des gamins mûrs qui quittent, d'autres qui sont quittés, ceux que l'on aimerait quitter. Elle me narre tout ça avec le sourire.

 

 

 

Elle m'apportera mes sacs dans la maison et a eu le réflexe de tendre la joue pour un baiser. J'avais déjà tendu la main. C'est idiot. moi aussi, j'avais envie de l'embrasser. Je ne la reverrai sans doute pas. Toutes ces personnes qu'on gagnerait à connaître et qu'on ne fait que croiser.



Je suis rentrée, contente de l'être mais épuisée. Et puis cette apréhension. Je ne vais pas supporter les affrontements, les conflits familiaux. Je le sais. Je ne vais pas supporter et ils ne me supporteront pas. Vivre à côté. Dormir, reprendre des forces. Après,  on verra.

 

 

 

Samedi.

Dors et ne te mire plus. Dors encore, sans corps, ce serait mieux, enfin, sans corps malade.

 

Errer. j'erre et je manque d'air. J'étouffe!

 

Me nourrir un peu Pof!

 

Je me traîne sans traîne ni trône, sinon la charge d'un corps asexué et agrafé. M'en fous. Ne croyez-pas que j'ai perdu tout fantasme. Nous sommes des êtres de fantasmes. Tant mieux! ça fait évacuer le trop-plein de la saison.

 

 

On m'a rasé le pubis et laissé une touffe de poils longs à la base. C'est rigolo. j'appelle mon sexe le sexalahouppe. A d'autres moments, je me fais l'effet d'être une femme tondue et dont on a fouillé le ventre. Je n'ai pas été torturée mais soignée. La souffrance n'a rien à voir. Toutes souffrances peuvent-elles se rejoindre en un certain point? 

 

J'ai mal. 11 agrafes et mes entrailles qui furent choquées, bousculées évidées. je marche comme un pingouin. Je me dandine en sourdine. Mon corps est si lourd que je m'étonne de ne pas traverser le sol.

 

 

En même temps, je me sens légère, délivrée d'une gangrène peut-être. Je ne supportais plus mon corps. Je ne suportais plus ni mon époux ni mes filles. Ils prennent leur revanche même si c'est inconscient. Je flotte à certains moments, débarassée de ces trop-pleins que j'imaginais gras et visqueux, épais, sournois et pesants.

 

 

"Vous deviez souffrir un peu"

 

 

Non, je sentais que ça travaillait, que quelque chose allait éclore.

 

 

J'ai le ventre dur et tendu. Il me faut oublier mon ventre. Cesser de me materner.

 

 

 

Gôut à rien. je lis un peu. j'essaie d'écrire. je fais le pingouin sous la pluie. Moi aussi, j'ai perdu l'usage de mes ailes. Mon corps est vulnérable, ne me parlez-pas de mon âme. Il ne faut pas détruire nos corps, nous n'en avons qu'un, et quand il s'handicape, c'est insupportable.
 

 

On devient l'autre aussi, celui qu'on ne veut pas voir. On n'est pas tout le monde. Je peux voir les handicapés, je les regarde et ne détourne jamais la tête. Je les regarde comme des gens normaux qui sont handicapés, comme quelqu'un que j'aurais pu être ou que je pourrais devenir. Je me suis mêlée à des malades mentaux une fois. Je ne m'en étais pas rendue compte. C'est le regard  de ceux considérés comme normaux et leur éloignement qui m'en a fait prendre conscience. Ces malades ne l'avaient pas toujours été. Pour certains, ça a été comme un choc, le basculement dans la folie.

 



ça ne me fait plus peur, cette peur de la folie. 



Les jours se suivent et se ressemblent. En faire un peu plus chaque jour, retrouver une vie normale. J'ai voulu aller à la poste à pied rapidement. Plus de souffle, le ventre et les épaules encore endolorie, les jambes qui flagollent. De la poste  toute fière, je me suis mise en tête de pousser jusqu'au café. Un petit noir, le Monde, m'asseoir. Petit instant de répit, de bonheur. ça ne tient pas à grand-chose, le bonheur souvent.  Je suis revenue avec peine. Plus de souffle, le ventre trop dur. je suis revenue en m'appuyant sur les poteaux, de poteau en poteau. Je n'ai pas recommencé. une enflure dès le lendemain. ça ne part pas. Une bosse. Peut-être rien, peut-être une infection. le chirurgien veut me revoir jeudi.

Piqures et prises de sang, pansements.  j'ai pris les infirmiers et infirmières de mon beau-père qui viennent à tour de rôle. je me douche et refais mes pansements avant qu'ils arrivent.  L'infirmière m'a enlevée les agrafes. Il faut serrer les dents, juste serrer les dents, lui dire de ne pas les compter, non, et dire OUF! quand c'est fini.

Le lendemain, les fils, je redoutais. Ce n'est rien du tout l'ablation des fils, sauf celui trop serré qu'elle n'arrivait pas à attraper.

Une fois les agrafes enlévées, j'ai trouvé les lésions bien moins importantes que ce que je m'étais imaginée. Mon nombril était collé, et s'est ouvert normalement. je croyais que le chirurgien allait en perforer le point central. Non, à sa base inférieure. Le cicatrices ne devraient pas être si vilaines.

Quelques jours ou je me suis remise à faire les repas, porter un peu, faire des papiers, fichue paperasse! On n'en finit donc jamais!  

Et puis deux jours à somnoler. Les anesthésies générales mettent-elles toujours dans cet état -là, ou étais-je déjà à ce point épuisée? Je vis et dors toujours à côté, pour les préserver et me préserver. 


La bosse sur le côté a enflé. Inquiétude. J'espère que ça n'est pas une infection, qu'il ne va pas falloir ré-ouvrir. La peur de ne pas me réveiller m'avait enlevée toute crainte par rapport à l'opération. Maintenant, j'en ai assez. Guérir, retrouver une vie de bien-portante, me mouvoir à l'aise, me re-muscler. c'est fou comme on perd vite ses muscles, sa bonne-mine, ses couleurs.  J'habite un autre corps pour le moment. Ne me parlez-pas de désir. Evanoui. Lointain. Les fantasmes suffiront au pire. A lui:
 
- Il va falloir que tu te débrouilles quelques temps. Ne compte pas trop sur moi en ce moment. Un truc facile sinon. Mais ma mine maladive ne doit pas lui évoquer grand-chose pour le moment.

 

Je lui ai dit que j'allais tout faire pour m'en aller. J'y croyais vraiment. Il commence à avoir l'habitude, je crois. Je vais me retaper d'abord. Après, on verra...



 

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